Cet article date de plus de deux ans.

Covid-19 : dans un hôpital parisien, la "mission impossible" d'une équipe dédiée pour libérer des lits

À l'hôpital Saint-Antoine, une équipe spécifique se charge depuis début 2021 de libérer des lits pour accueillir les malades du Covid-19. Ils doivent identifier les patients qui sont aptes à sortir mais n'ont pas de solution d'hébergement.

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une soignante du service de réanimation de l'hôpital Louis-Mourier (AP-HP) de Colombes (Hauts-de-Seine) s'occupe d'un patient atteint du Covid-19, le 4 mai 2021. (ALAIN JOCARD / AFP)

Comment faire de la place aux malades du Covid-19 qui affluent alors que l'hôpital est plein ? Cette question est récurrente dans les établissements hospitaliers depuis maintenant deux ans et le début de la pandémie. Il n'y a que deux solutions : ouvrir des lits supplémentaires dès que l'épidémie reprend, ou libérer des lits occupés pour des patients qui n'ont plus besoin d'être hospitalisés mais n'ont pas de point de chute. 

À l'hôpital Saint-Antoine à Paris, la direction a décidé de créer il y a un peu plus d'un an, lors de la deuxième vague de Covid-19, une équipe chargée de trouver de la place ailleurs pour ces patients sans solution. "Le raisonnement était de dire : peut-être qu'au sein de l'hôpital on a des patients toujours hospitalisés mais médicalement sortant et en difficulté pour accéder à un parcours de soins", raconte le docteur Jennifer Sobotka, directrice médicale de crise de l'hôpital.

Un travail de fourmi au contact des structures

Elle identifie alors 100 lits occupés par des patients parfois depuis des mois, voire un an. Ces patients n’ont plus rien à faire à l’hôpital mais impossible de les renvoyer à la maison. "Il y a des patients qui n'ont pas de maison, d'autres qui sont dans un logement précaire ou insalubre. Il y a aussi des patients qui étaient autonomes, sont venus à l'hôpital pour une pathologie et ne le sont plus. Ils ne peuvent pas regagner leur domicile aussi simplement que ça", énumère-t-elle.

"Au départ, je pensais que c'était une mission impossible", reconnaît le docteur Adrienne Reix, qui fait partie de l'équipe. "Les démarches d'aide sociale, comme pour entrer en Ehpad, peuvent prendre plusieurs mois." En parallèle, les assistantes sociales sont débordées. Patiemment, l’équipe prend donc contact avec toutes les structures qui pourraient accueillir ces patients - en accord avec eux : Ehpad, maison de convalescence, service de rééducation... "Il y a une multiplication et un nombre vraiment très importants de dispositifs sur le territoire", explique Pauline Novis, qui s’occupe de la gestion des lits à l’hôpital. "Le sujet est de réussir à identifier les bons interlocuteurs."

Pauline Novis (à gauche) et le docteur Adrienne Reix (à droite) sont dans la pièce où elles travaillent à libérer des lits au sein de l'hôpital Saint-Antoine, à Paris, jeudi 13 janvier 2022. (SOLENNE LE HEN / RADIO FRANCE)

Au final, l'équipe a réussi à créer un fichier solide. "Au fil de l'eau, j'ai construit un répertoire des différentes filières et des différents partenaires qui nous facilitaient la prise en charge des patients", se félicite le Dr Adrienne Reix. Ce fichier tient dans un fichier informatique, classé "en fonction des spécialités" : convalescence respiratoire, obésité, cicatrisation... "Dès que j'ai un nouveau contact, quelqu'un avec qui j'ai pu échanger, je l'ajoute", détaille Adrienne Reix. Les numéros des structures et des interlocuteurs avec qui le contact passe bien sont précieusement notés.

Ainsi, l’hôpital a ainsi réussi à libérer les 100 lits occupés par des patients sans solution d’accueil. Cela représentait entre 5 et 10% de sa capacité. Parfois, l'équipe réussit même à trouver une place en Ehpad en 24 heures. Le dispositif est donc appelé à demeurer, pour permettre de libérer des lits en continu, aussitôt réattribués à un nouveau patient avec l’épidémie de Covid-19.

Covid-19 : comment libérer des lits d'hôpital ? Reportage de Solenne Le Hen

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.