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Covid-19 : "L'isolement des jeunes a explosé, 21% des 15-30 ans sont en situation d'isolement", alerte la Fondation de France

La Fondation qui se définit comme le premier réseau de philanthropie en France publie son étude annuelle sur le sentiment de solitude et d'isolement des Français et constate que la crise sanitaire a aggravé la situation.

Article rédigé par franceinfo
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Axelle Davezac, directrice de la Fondation de France, en septembre 2021. (LUCIEN LUNG / RIVA-PRESS)

La crise sanitaire "a créé une bascule extrêmement forte, une perte de confiance et des dégâts psychologiques assez considérables" chez les jeunes de 15 à 30 ans, affirme lundi 6 décembre sur franceinfo la directrice générale de la Fondation de France Axelle Davezac, à l'occasion de la publication de l'étude annuelle de la fondation sur le sentiment de solitude et d'isolement des Français, réalisée par le Crédoc.

franceinfo : Beaucoup de Français se sentent-ils isolés ?

Axelle Davezac : Ça a été la triste découverte du baromètre solitude que nous avons publié cette année.

"C'est un indicateur que nous suivons à la Fondation de France depuis 10 ans maintenant et cette année tous les chiffres ont malheureusement explosé puisque, dans notre pays, 24 % de la population est en situation d'isolement relationnel."

Axelle Davezac, directrice générale de la Fondation de France

à franceinfo

Ça représente une augmentation de 10 points en un an, ce qui est tout à fait colossal. Ça veut dire qu'il n'y a plus aucun des cinq réseaux de sociabilité, que ce soit la famille, les amis, le voisinage, le réseau professionnel ou le réseau associatif. Il n'y a plus aucun contact ni aucun réseau dans lequel on peut très simplement parler et échanger avec d'autres.

La crise sanitaire est-elle la cause de cette augmentation de l'isolement ?

La crise sanitaire a joué vraiment un effet déclencheur de l'isolement relationnel. C'était un indicateur qui, statistiquement, bougeait assez peu d'année en année. En revanche, ce qu'il s'est passé avec la crise sanitaire, les confinements successifs et toutes les fermetures, a conduit les gens qui étaient en situation de fragilité relationnelle, c'est-à-dire des gens qui n'avaient plus qu'un ou deux réseaux mais dans lesquels les liens étaient assez ténus, à être brutalement coupés de toute relation sociale. Ils ont donc plongé véritablement dans l'isolement.

Un jeune sur cinq se disait en situation de solitude en janvier 2021. C'est le double de janvier 2020. Est-ce nouveau ?

C'est malheureusement l'une des difficultés encore plus tristes. L'isolement touchait plutôt les personnes âgées et les personnes en situation de fragilité mais moins les jeunes dans notre pays. Mais cette année, l'isolement des jeunes a explosé puisque 21% des 15-30 ans sont en situation d'isolement. C'est un chiffre qui a doublé en un an et c'est un âge auquel on ne s'attend pas à l'isolement. Les jeunes sont joyeux, festifs, ont des réseaux d'amitié, des boulots. Ils ont tout un tas de réseaux de sociabilité qui ont été brutalement coupés pendant le confinement et, à cela, se sont ajoutées des difficultés financières, ce qui a contribué à les isoler encore plus puisqu'ils se sont retrouvés, pour beaucoup, sans capacité à étudier et sans capacité à payer leur logement, leur nourriture. Ça a créé chez eux une bascule extrêmement forte, une perte de confiance et des dégâts psychologiques assez considérables. Quand on est jeune, qu'on est étudiant, on se dit qu'on va construire sa vie, faire des études, travailler, pouvoir avoir des projets. Or, pour ces jeunes-là, se dire à 15, 20 ou 25 ans qu'on est face à un mur parce qu'on ne peut plus étudier, on ne peut plus travailler, on ne peut plus payer son logement - comme le dit l'expression affreuse que disent les jeunes - "tu sers à rien". 

"Alors que la société attend des jeunes qu'ils construisent, qu'ils avancent, ça leur renvoie quelque chose de très prégnant et angoissant qui est de se dire finalement moi je n'y arrive pas et donc ils se renferment de manière extrêmement forte."

Axelle Davezac

à franceinfo

Les conséquences économiques de la crise sanitaire sur les jeunes ont-elles contribué à cet isolement ?

Ils se sont retrouvés dans une situation financière extrêmement dramatique. À la Fondation de France, on n'avait jamais fait d'aide alimentaire pour les jeunes mais depuis le printemps dernier, on a monté un programme 'solidarité étudiants' pour aider très simplement les jeunes à pouvoir payer leur loyer et leurs factures ou pour faire de la distribution de colis alimentaires. Quand vous ne savez même plus si vous allez arriver à avoir un toit à la fin du mois, bien évidemment les situations de décrochage des études se multiplient. On a aidé 3 000 étudiants. Nous nous sommes appuyés sur des associations étudiantes soit existantes soit qui se sont constituées dans les universités pour arriver entre pairs à faire venir les jeunes. Une autre difficulté, c'est le sentiment de honte des jeunes, qui les empêche d'aller demander de l'aide donc il était important aussi de s'appuyer sur d'autres jeunes, qu'ils pouvaient solliciter, qui pouvaient les accompagner et aider ceux qui allaient moins bien.

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