Covid-19 : la Suède et sa stratégie atypique sont mises en grande difficulté face à la deuxième vague
"La plupart des experts sanitaires n'ont pas vu la vague face à eux", a affirmé le Premier ministre suédois, Stefan Löfven.
Malgré un durcissement des autorités ces dernières semaines, la Suède, dont la stratégie contre le Covid-19 diffère de celle des autres pays européens, est de nouveau mise en grande difficulté par une redoutable deuxième vague que le pays nordique a longtemps cru pouvoir éviter. "L'autorité de santé publique avait préparé trois scénarios cet été. Nous nous étions calés sur celui du pire. Or il s'avère que c'est deux fois pire" que redouté, explique à l'AFP Lars Falk, un responsable de soins intensifs à l'hôpital Karolinska de Stockholm.
Services de réanimation sous tension, demande de renfort de tout le personnel sanitaire qualifié à Stockholm, mortalité jusqu'à dix fois supérieure à ses voisins nordiques : cet automne, la stratégie suédoise, moins stricte face à l'épidémie, répète son bilan très médiocre du printemps.
Des indicateurs inquiétants
"Malheureusement, le niveau de contamination ne diminue pas (...) et c'est très inquiétant", a affirmé à l'AFP le directeur sanitaire de la région de Stockholm, Björn Eriksson, décrivant "une pression extrême sur le système de santé". Il a ordonné mardi l'annulation de toutes les opérations non urgentes dans la région.
En début de semaine, les hospitalisations liées au Covid-19 en Suède ont égalé leur pic du 20 avril, avec près de 2 400 patients traités, même si la proportion en soins intensifs est deux fois moindre qu'au printemps, autour de 10%. Le nombre de morts était de 7 802 mercredi, dont plus de 1 800 depuis début novembre. Les chiffres concernant les nouveaux cas sont eux aussi hauts, au-delà de 6 000 par jour en moyenne, selon les données officielles.
Tour de vis tardif
Sans masque, fermeture des bars, restaurants et magasins, ou quarantaine obligatoire, la Suède s'est distinguée par une stratégie basée essentiellement sur des recommandations et très peu de mesures coercitives. Face à la forte remontée des cas, des recommandations très strictes ont néanmoins été émises, notamment de ne fréquenter que les personnes de son foyer, mais leur non-respect n'est pas sanctionné.
Malgré des critiques d'une commission indépendante mardi, le Premier ministre Stefan Löfven s'est refusé jusqu'ici à qualifier la stratégie d'échec. "La plupart des experts sanitaires n'ont pas vu la vague face à eux, ils parlaient des foyers localisés", a-t-il toutefois affirmé dans une interview au quotidien Aftonbladet.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.