: Infographies Covid-19 : le pic de la deuxième vague de l'épidémie a-t-il déjà été franchi en France ?
Jeudi, Santé publique France a estimé que "même si les indicateurs restent à des niveaux élevés, leur observation suggère que le pic épidémique de la seconde vague a été franchi".
Les moments les plus critiques de la deuxième vague de l'épidémie de Covid-19 sont-ils derrière nous ? "On voit (...) que les indicateurs sanitaires s'améliorent", a déclaré le Premier ministre, Jean Castex, samedi 21 novembre, lors d'une discussion avec un commerçant à Dijon (Côte-d'Or). Le chef du gouvernement a annoncé "espérer" une réouverture "dans quelques jours" des commerces jugés non essentiels, dans ce contexte d'une meilleure situation sanitaire.
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Ces propos interviennent deux jours après la publication d'un communiqué de Santé publique France, évoquant pour la première fois "le franchissement du pic épidémique de la seconde vague". "Même si les indicateurs restent à des niveaux élevés, leur observation suggère que le pic épidémique de la seconde vague a été franchi", relève l'agence sanitaire dans son communiqué, publié en parallèle de son dernier point épidémiologique hebdomadaire. Le texte évoque une "baisse constatée de tous les indicateurs". Ce pic est-il toutefois franchi aussi bien en matière de contaminations que du nombre d'hospitalisations et de décès ? Eléments de réponse.
Une "diminution" de la circulation du virus
Ce que disent les chiffres. Le recul est net. Entre le 9 et le 15 novembre, 182 783 nouveaux cas d'infection au Covid-19 ont été recensés en France (par tests PCR ou antigéniques), contre 305 135 cas confirmés la semaine précédente. Cela marque une baisse de 40%, relève Santé publique France dans son point épidémiologique hebdomadaire. L'agence sanitaire évoque ainsi une "diminution de la circulation" du virus. Le taux de positivité des tests PCR est en parallèle en recul de 3,5 points, à 16,2% entre le 9 et le 15 novembre contre 19,7% la semaine précédente. "Depuis une semaine, tous les laboratoires de virologie notent une diminution du pourcentage de positifs parmi les tests qu'ils réalisent", constate Astrid Vabret, cheffe du service de virologie au sein du CHU de Caen (Calvados).
Cette "phase de décroissance" se confirme également par le nombre d'actes SOS Médecins pour une suspicion d'infection au Covid-19 : Santé publique France en a recensé 4 571 entre le 9 et le 15 novembre, contre 6 275 la semaine précédente, soit un recul de 27%. Concernant les passages aux urgences liés à une suspicion de Covid-19, le recul d'une semaine à l'autre est de 19%.
Pourquoi il faut rester prudent. Toutefois, "je ne sais pas si les tests antigéniques sont encore bien comptabilisés", tempère Astrid Vabret. En parallèle, Santé publique France souligne le "maintien à un niveau élevé de l'ensemble des indicateurs". Entre le 9 et le 15 novembre, le taux d'incidence restait supérieur au seuil d'alerte de 100 pour 100 000 habitants dans une grande majorité des départements, sauf la Charente-Maritime, le Finistère et la Corse-du-Sud. Pas moins de 38 départements présentent des taux supérieurs à 250 cas pour 100 000 habitants, même si ce nombre s'élevait à 87 départements la semaine précédente. Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, les taux d'incidence restent particulièrement élevés, atteignant jusqu'à 648 cas pour 100 000 habitants en Haute-Savoie. Et si le taux d'incidence recule franchement dans les métropoles, il augmente en Guyane, tout comme le taux de positivité.
Avec cette nette baisse du nombre de nouveaux cas mais un niveau encore élevé des indicateurs de circulation du virus, peut-on parler d'un pic franchi en matière de contaminations ? "Le sentiment, c'est que nous avons vraisemblablement franchi le pic. Nous pouvons dire que nous sommes en phase de décroissance car cela fait déjà plusieurs jours", commente auprès de franceinfo Emmanuel Rusch, président de la Société française de santé publique. "Cela reste quand même une maladie contagieuse qui nous a réservé des surprises", tempère-t-il.
"Tant que la circulation est aussi active, nous ne sommes pas à l'abri d'une reprise éventuellement rapide."
Emmanuel Rusch, président de la Société française de santé publiqueà franceinfo
"On reste sur le message classique : il ne faut pas relâcher la prudence", rappelle Emmanuel Rusch.
"Le haut du plateau" pour les hospitalisations
Ce que disent les chiffres. La baisse constatée pour les cas de contamination "s'observe également à l'hôpital", poursuit Santé publique France, "avec pour la première fois en semaine 46 (entre le 9 et le 15 novembre) une diminution des hospitalisations" pour une infection au Covid-19. Ces entrées à l'hôpital sont en recul de 13% (de 19 940 à 17 390 nouvelles hospitalisations) d'une semaine à l'autre.
L'agence constate également, pour la première fois d'une semaine à l'autre, une baisse des entrées en réanimation – toutefois plus modérée. Les admissions dans ces services ont été en recul de 9% entre la semaine du 2 au 8 novembre et la semaine suivante. Samedi, Santé publique France a recensé 4 493 patients atteints du Covid-19 en réanimation, parmi lesquels 220 nouveaux admis. Un chiffre en recul pour le 5e jour consécutif. La veille, 4 566 malades du Covid-19 étaient en réanimation en France, dont 264 entrées dans ces services.
Pourquoi il faut rester prudent. A l'heure où 31 365 personnes atteintes du Covid-19 étaient toujours hospitalisées samedi, l'évolution à la baisse des indicateurs permet-elle déjà de parler d'un pic hospitalier franchi ? Nous sommes plutôt "sur le haut du plateau pour l'instant", estime Emmanuel Rusch, rappelant que les entrées à l'hôpital et en réanimation sont "en décalé par rapport à la circulation du virus".
"Le fait qu'il y ait une baisse de la circulation du virus laisse à penser que l'on n'aura pas d'alimentation excessive des admissions en réanimation et à l'hôpital dans les jours qui viennent."
Emmanuel Rusch, président de la Société française de santé publiqueà franceinfo
Le spécialiste de santé publique note toutefois des disparités entre les territoires. Les hospitalisations ont ainsi continué d'augmenter dans les régions Grand Est (+18%), Centre-Val de Loire (+7%) ainsi qu'en Pays de la Loire (+2%). Les admissions en réanimation sont aussi en hausse dans le Grand Est (+17%), en Bretagne (+12%) et en Nouvelle-Aquitaine (+4%).
Lors d'une conférence de presse en ligne vendredi, Daniel Lévy-Brühl, responsable de l'unité des infections respiratoires au sein de Santé publique France, a reconnu qu'il était encore "trop tôt" pour parler d'un pic franchi à l'hôpital, souligne Le Monde. "Ce n'est que le début de l'hiver", poursuit Astrid Vabret. Si elle évoque "un début de diminution" à l'hôpital, la cheffe du service de virologie au CHU de Caen rappelle que "la période des virus respiratoires couvre au moins les trois premiers mois de l'année". "C'est une bonne nouvelle, mais ce n'est pas encore terminé."
Un recul des décès à l'hôpital encore à confirmer...
Ce que disent les chiffres. D'après Santé publique France, le nombre de décès liés à l'épidémie de Covid-19 "semble se stabiliser pour la première fois après plusieurs semaines d'augmentation". Entre le 9 et le 15 novembre, 3 756 personnes sont mortes du Covid-19 (à l'hôpital et dans les établissements médico-sociaux), contre 3 817 personnes la semaine précédente. Cela représente un recul de 2%. L'épidémie a fait au total 48 518 morts en France, selon les statistiques officielles.
Samedi, l'agence sanitaire a recensé 276 décès liés au Covid-19 en 24 heures dans les hôpitaux, contre 386 vendredi et 436 jeudi. Une tendance à la baisse... qu'il faut encore confirmer. Santé publique France relève en effet que "le nombre hebdomadaire de déclarations de décès" lors d'une hospitalisation pour le Covid-19 "était en augmentation" de 12% la semaine du 9 au 15 novembre, par rapport à celle d'avant. L'agence a recensé 2 898 déclarations entre le 9 et le 15 novembre, contre 2 591 la semaine précédente. Une hausse toutefois moins élevée que celle observée début novembre.
Pourquoi il faut rester prudent. Si les indicateurs hospitaliers semblent être "sur la bonne pente", Emmanuel Rusch estime qu'il "faudra attendre encore quelques jours" avant de noter une évolution plus nette, en termes de décès à l'hôpital. "Les fluctuations sont importantes d'une journée à l'autre", souligne-t-il.
... et une situation "encore très fragile" dans les Ehpad
Ce que disent les chiffres. La "stagnation" des décès observée par Santé publique France "pourrait être en partie expliquée par le délai de consolidation des données de décès" dans les établissements médico-sociaux, dont les Ehpad. Une baisse des décès est observée d'une semaine à l'autre dans ces établissements (863 en semaine 46, contre 1 226 la semaine précédente), mais elle "sera très certainement réévaluée dans le prochain point épidémiologique après consolidation". Dans ces établissements, le nombre de décès liés au Covid-19 a sensiblement augmenté récemment, passant de 11 651 au 1er novembre à 15 287 le 21 novembre.
Pourquoi il faut rester prudent. "On peut avoir une dynamique différente entre l'hôpital et les établissements médico-sociaux", explique Emmanuel Rusch, tout en appelant à "rester prudent" sur l'évolution des décès dans ces établissements. Le président de la Société française de santé publique juge la situation dans les Ehpad "encore très fragile". "Les Ehpad sont des milieux communautaires, avec des concentrations de gens à risque", rappelle Astrid Vabret.
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