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Covid-19 : les monuments historiques privés de visiteurs à Noël, "c'est une très grosse frustration"

Comme les théâtres, les cinémas et les musées, les monuments historiques habituellement ouverts à la visite, n’ont pas pu rouvrir pour les fêtes. Une véritable catastrophe pour certains sites privés qui avaient investi dans des illuminations, des décorations, des animations. 

Article rédigé par Anne Chépeau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le château de Vaux-le-Vicomte (Seine-et-Marne), construit au 17e siècle, ci-contre en décembre 2020. (ANNE CHEPEAU / RADIO FRANCE)

Privé de ses visiteurs en raison de la crise sanitaire, c’est un château endormi et plongé dans le noir que nous vous visitons à la lampe torche. "Et en plus il n'est pas chauffé. Il fait froid. C'est très austère de découvrir le château comme ça", se désole son gérant et copropriétaire, Ascanio de Voguë. Et pourtant, tout était prêt au château de Vaux-le-Vicomte, en Seine-et-Marne, pour faire vivre aux visiteurs la magie de Noël.

Chaque pièce a sa décoration, des tables de fête et un lustre en guirlandes de 12 m de haut dans le grand salon; des animaux dans un décor entièrement blanc dans le salon d’Hercule; et dans la chambre du roi un grand classique : la crèche de Noël. "On fait ça depuis 15 ans. On a commencé petit et aujourd'hui on s'étend dans tout le château, dans tout le jardin", reprend Ascanio de Voguë. "C'est notre plus grosse opération annuelle puisqu'on a 30% de notre fréquentation et de notre chiffre d'affaires qui se fait à cette période-là", poursuit-il. 

Vaux-le-Vicomte en Lumières 2020. (COLLECTIF IMAGE DE MELUN)

Au total, 250 000 euros ont été investis pour l’ensemble des décorations intérieures et extérieures. Si les jardins du château restent ouverts avec illuminations et mapping vidéo, les visiteurs seront de toute façon beaucoup moins nombreux et le chiffre d’affaires en chute libre. "C'est à peu près 1,5 million d'euros de chiffre d'affaires sur novembre et décembre qui sont perdus et irrattrapables", explique Ascanio de Voguë. Mais au-delà de la difficulté financière "c'est une très grosse frustration psychologique", confie-t-il.

"Notre mission c'est de transmettre au public la beauté de ce lieu, ses œuvres d'art. De transmettre l'histoire qui s'y est passée, qui est fondatrice. Et donc chaque jour qui est fermé, c'est une mission qu'on ne remplit pas, c'est très frustrant."

Ascanio de Voguë

à franceinfo

Vaux-Le-Vicomte n’est pas le seul château privé en difficulté en cette fin d’année. A Cheverny, dans le Loir-et-Cher, 35 000 euros avaient été investis pour décorer le château aux couleurs de Noël, en pure perte. Même situation à Chantilly dans l’Oise, où illuminations et animations étaient prêtes pour les visiteurs. "On attendait entre 10 000 et 15 000 personnes environ, en sachant que par ailleurs on avait 30 spectacles dans nos écuries, donnés par nos cavalières, et ça naturellement c'est aussi une perte extrêmement importante", déplore Christophe Tardieu, l’administrateur général du château. 

Au total, c’est un manque à gagner de 500 000 à 600 000 euros qui s’ajoutent aux quelques 5 millions de pertes de l’année en raison des quatre mois de fermeture dus au confinement. Autant d’argent qui fera cruellement défaut pour financer les futurs travaux d’entretien et de restauration.

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