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Covid-19 : on vous explique pourquoi le dépistage obligatoire des voyageurs en provenance de Chine fait débat

Fin décembre, plusieurs pays ont imposé des tests aux passagers arrivant de Chine, pour limiter les risques de propagation du virus. Mais l'intérêt et l'efficacité de cette mesure sont critiqués par de nombreux experts.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un stand de dépistage du Covid-19 à l'aéroport d'Orly, au sud de Paris, le 6 novembre 2020. (ARTHUR NICHOLAS ORCHARD / HANS LUCAS / AFP)

Faut-il imposer des dépistages du Covid-19 aux passagers en provenance de Chine ? Jeudi 29 décembre, les Etats-Unis ont rejoint un nombre croissant de pays, tels que l'Inde ou l'Italie, à avoir fait ce choix en réponse à la fin de la politique "zéro Covid" de Pékin. Des précautions que le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a jugé "compréhensibles". La Chine fait en effet face à une flambée des contaminations depuis début décembre, tout en ayant cessé de publier le décompte quotidien des cas.

>> Covid-19 : comment les pays étrangers réagissent à l'assouplissement des mesures en Chine

Jeudi, la Commission européenne a convoqué une réunion informelle pour réfléchir à une "approche concertée" des 27 sur les tests à l'entrée sur le territoire, qui n'a abouti à aucune décision. Mais, selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), le dépistage obligatoire des passagers en provenance de Chine serait "injustifié" en Europe, en l'absence de nouveau variant identifié. En parallèle, plusieurs scientifiques ont émis des critiques sur l'efficacité de ces contrôles systématiques. On vous explique pourquoi cette mesure ne fait pas l'unanimité. 

Parce que l'utilité du dépistage aux frontières est limitée

Les tests obligatoires avant l'embarquement, la prise de température ou encore la mise en quarantaine à l'arrivée ont plusieurs fois montré leurs limites depuis le début de la pandémie. "On sait que la technique du 'tester, tracer, isoler' ne suffira pas. Elle avait déjà été expérimentée avec le variant qui s'est avéré être Omicron et on sait maintenant (...) qu'il a été diffusé dans le monde entier", rappelle ainsi l'infectiologue Benjamin Davido, sur France 2.

Selon lui, la meilleure façon de se protéger reste "les gestes barrières, le masque, le lavage des mains, et surtout la vaccination qui est un outil imparable contre les formes graves"Brigitte Autran, immunologue et présidente du Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars), assure également sur France Inter que "le dépistage aux frontières n'a jamais empêché un virus de pénétrer".

Un avis partagé par son collègue Bruno Lina, également membre du Covars, plaide pour que la France ne suive pas la décision des Etats-Unis. "Jamais aucune mesure de contrôle n'a empêché l'arrivée de variants sur le territoire européen", insiste le virologue. Il estime que "ce qui compte" le plus, c'est "d'avoir des informations" des autorités chinoises, "beaucoup plus que de tester des gens qui arrivent de Chine".

Parce que les variants qui circulent en Chine sont déjà présents en Europe

Autre argument : selon l'ECDC, les "variants circulant en Chine circulent déjà dans l'UE". L'agence sanitaire européenne explique ainsi que des dépistages obligatoires ne sont pas nécessaires au niveau de l'Union européenne dans son ensemble. Pour elle, "les infections potentielles" pouvant être importées de Chine sont "plutôt faibles" par rapport au nombre de contaminations déjà enregistrées quotidiennement sur le territoire européen. Les systèmes de santé "sont aujourd'hui capables de gérer" la maladie, a-t-elle affirmé.

La crainte de voir émerger un nouveau variant, importé de Chine, n'est pas d'actualité, abonde la présidente du Covars. Actuellement, "les variants qui circulent en Chine sont tous de la famille Omicron et ont tous, y compris le BF7, circulé en France. Nous avons acquis une immunité contre ces variants. Pour l'instant, il n'y a pas d'inquiétude particulière", rassure Brigitte Autran. Les vaccins disponibles en France sont " adaptés aux virus qui circulent" actuellement, appuie son confrère Bruno Lina.

Parce que l'immunité collective acquise en Europe est élevée

Selon les spécialistes français, il n'y a pas lieu de s'inquiéter car la France a un taux de vaccination bien supérieur à celui de la Chine. "L'immunité collective en Chine est de mauvaise qualité, étant donné qu'il y a plus de 40% des personnes qui n'ont pas d'anticorps à la suite de vaccin ou d'infection", tandis que "plus de 53 millions de Français ont un schéma vaccinal complet", compare Bruno Lina. Un argument confirmé jeudi par l'ECDC, qui note que les pays de l'UE "ont des niveaux d'immunisation et de vaccination relativement élevés". 

Outre la vaccinationcette immunité collective s'explique par le nombre de vagues subies en France, par comparaison avec la Chine, qui vient seulement de sortir de sa politique "zéro Covid". Cette immunité "est à la fois naturelle, par toutes les vagues subies, et vaccinale", explique Frédéric Adnet, chef du service des urgences à l'hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis), à TF1. "Nous ne pouvons donc pas comparer les dégâts observés en Chine avec un retour à une vague destructrice en Europe. Chez nous, les vagues sont de moins en moins intenses." 

Parce qu'il faudrait assortir ces tests d'un séquençage des variants

Pour Brigitte Autran, "le seul intérêt potentiel" d'un dépistage aux frontières est "de faire un test systématique pour analyser quel est le type de variant que portent" les personnes positives arrivant en France. Un tel dispositif serait "lourd", relève la présidente du Covars, mais "ce serait la seule justification d'un dépistage".

Ce séquençage permettrait de détecter de nouveaux variants, en réalisant une "étude épidémiologique", et ainsi de "savoir à quel virus on a à faire", complète Vincent Enouf, virologue à l'Institut Pasteur, interrogé par France 2. "Si c'est un nouveau virus, il va falloir l'expertiser et vérifier si nos anticorps peuvent neutraliser ce nouveau [variant]", poursuit-il.

Là encore, l'efficacité du dispositif est relativisée par certains. Si un nouveau variant émergeait en Chine, tester tous les passagers qui en viennent et séquencer les prélèvements positifs pourrait "retarder son arrivée et non l'empêcher", juge ainsi Yannick Simonin, maître de conférences en virologie à l'université de Montpellier, interrogé par Le Parisien.

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