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Covid-19 : quatre questions sur la violente contestation du couvre-feu aux Pays-Bas

Le pays a entamé samedi son premier couvre-feu depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette mesure a déclenché la colère d'une partie de la population.

Article rédigé par franceinfo
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Des policiers font face à des opposants au couvre-feu à Rotterdam, aux Pays-Bas, le 25 janvier 2021. (KILLIAN LINDENBURG / ANP MAG / AFP)

Flambée de violences aux Pays-Bas. Opposants aux restrictions sanitaires et policiers se sont affrontés, dans une dizaine de villes du pays, dont Amsterdam, dans la nuit du lundi 25 au mardi 26 janvier. En cause, le couvre-feu mis en place samedi pour lutter contre la propagation du Covid-19 et des nouveaux variants du virus.

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Franceinfo répond à quatre questions sur la situation sanitaire et le mouvement de contestation qu'elle suscite aux Pays-Bas.

1Que s'est-il passé ces derniers jours ?

Des violences ont eu lieu trois jours d'affilée dans les principales villes néerlandaises et dans plusieurs localités, pour protester contre l'entrée en vigueur du couvre-feu. Un centre de dépistage du Covid-19 a été volontairement incendié dans la petite ville d'Urk, samedi 23 janvier. Le lendemain, 1 500 personnes ont participé à une manifestation non autorisée à Amsterdam, selon Libération. Le rassemblement a rapidement tourné à l'émeute. Dans d'autres villes, des magasins ont été pillés et des voitures brûlées. A Enschede, un hôpital a été attaqué.

Une voiture a été incendiée par des opposants au couvre-feu, le 24 janvier 2021, devant la gare de Eindhoven (Pays-Bas). (NICOLAS ECONOMOU / NURPHOTO / AFP)

De nouveaux rassemblements ont eu lieu lundi soir et ont mené à des affrontements entre la police et des groupes protestataires, à Amsterdam, La Haye ou Amersfoort. Des violences ont également éclaté à Rotterdam, où des vitrines de magasin ont été brisées et leurs marchandises pillées. Les forces de l'ordre ont fait usage de canons à eau pour disperser la foule. Des images sur les réseaux sociaux montrent par ailleurs des émeutiers pillant un magasin à Den Bosch ou encore un photographe de presse frappé derrière la tête à Haarlem, après avoir été poursuivi par des manifestants en colère, rapporte l'AFP.

L'émotion était vive dans le pays après ces violences. "Nous vivons des événements dramatiques", a estimé le maire d'Urk, cité par Le Monde. De son côté, l'édile d'Eindhoven a dénoncé un risque de "guerre civile", après le saccage de la gare de sa ville et le pillage d'un grand magasin.

2Pourquoi le gouvernement a-t-il imposé un couvre-feu ?

Dans un premier temps, les autorités néerlandaises avaient appelé à la responsabilité individuelle pour limiter la propagation de l'épidémie de Covid-19. "Il est clair que l'immunité collective était leur stratégie, mais après de nombreux reproches, ils ont écarté cette possibilité pendant l'été", explique un épidémiologiste et membre du groupe de scientifiques qui conseille le gouvernement, interrogé par LibérationLes restaurants et les bars ont été fermés en octobre et le port du masque dans les lieux publics a été imposé début décembre, détaille le Guardian (en anglais). L'exécutif a ensuite décrété la fermeture des commerces, à la veille de Noël.

La propagation du nouveau variant du coronavirus identifié au Royaume-Uni a poussé les autorités à adopter des mesures plus strictes. "D'après les calculs de l'Institut de santé publique néerlandais, le taux de reproduction de ce variant est tel que les Pays-Bas pourraient atteindre 20 000 nouveaux cas quotidiens à l'horizon du mois de mars, et 50 000 en avril", souligne Courrier international. Le gouvernement démissionnaire de Mark Rutte a donc fait adopter, jeudi, un couvre-feu national, dans l'espoir d'éviter un confinement dans les semaines à venir.

Entrée en vigueur samedi 23 janvier, la mesure interdit aux habitants de sortir entre 21 heures et 4h30, et ce, au moins jusqu'au 9 février. Tout contrevenant encourt une amende de 95 euros. Des exceptions sont toutefois prévues, par exemple pour se rendre au travail, sur présentation d'une attestation.

3Pourquoi cette mesure déclenche-t-elle l'opposition de certains Néerlandais ?

Une partie de l'opinion publique se trouve dans l'incompréhension face au revirement du gouvernement, qui a adopté durant l'essentiel de 2020 une position moins stricte que ses voisins. Le couvre-feu est d'autant moins bien accepté que la mesure a été décidée alors que les chiffres étaient en baisse : les Pays-Bas dénombraient 4 891 nouvelles contaminations au 24 janvier, soit 12% de moins que la semaine précédente, selon Libération.

Autre raison du rejet : l'attachement des Néerlandais aux libertés individuelles, pointe Courrier international. Citant un média local, le site précise que l'exécutif a tardé à mettre en place le couvre-feu, parce qu'il "faisait trop penser aux années de guerre". "Les autorités néerlandaises, de même que les scientifiques, se montrent très prudentes vis-à-vis des mesures qui constituent une atteinte à l'espace personnel", ajoute le journal belge De Standaard, également cité par Courrier international.

4Quelle est la réponse des autorités ?

Les maires de plusieurs villes ont annoncé lundi qu'ils allaient instaurer des mesures d'urgence pour tenter d'empêcher de nouveaux troubles. Celui de Rotterdam a pris un décret autorisant la police à multiplier les arrestations. Les forces de l'ordre ont indiqué avoir procédé à 250 interpellations à travers le pays, dimanche, et à 70 lundi soir. Elles ont également précisé avoir infligé plus de 5 700 amendes pour violation du couvre-feu.

De son côté, le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, a condamné une "violence criminelle", estimant qu'il s'agissait "des pires émeutes en quarante ans". "Cela n'a rien à voir avec la lutte pour la liberté. Nous ne prenons pas toutes ces mesures pour rire. Nous le faisons car nous combattons le virus et que c'est pour l'instant le virus qui nous prend notre liberté", a ajouté le chef de gouvernement. Selon Libération, le syndicat de la police néerlandaise redoute de nouvelles actions des opposants durant des "jours, voire des semaines".

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