Culture : les mesures annoncées par Emmanuel Macron sont "un vrai soulagement" mais "on a zéro perspective", déclare une intermittente
Après les mesures en faveur du monde culturel annoncées par le président de la République mercredi, "on parle enfin de nous" mais "on a zéro perspective" regrette aussi Alexandra Gendraux, régisseuse lumières et intermittente du spectacle, sur franceinfo.
Le chef de l’État a affirmé, mercredi 6 mai, vouloir que les droits des artistes et techniciens intermittents soient "prolongés jusqu'à fin août 2021" en raison de leur activité "impossible ou très dégradée". L’épidémie de Covid-19 a mis le monde de la culture et ses 100 000 intermittents à l’arrêt en France depuis la mi-mars. Une satisfaction de voir "que l’on parle enfin de nous", dit Alexandra Gendraux, intermittente du spectacle, sur franceinfo. Même si l’incertitude quant à la reprise d’une activité prochaine pour son métier demeure : "On commence de plus en plus à être inquiets et angoissés."
franceinfo : Quel est votre sentiment après l’annonce d’Emmanuel Macron d’une "année blanche" pour le secteur culturel mercredi ?
Alexandra Gendraux : C'est un vrai soulagement d’entendre le président de la République enfin prendre position, et que l’on parle enfin de nous. Ça fait quelques semaines que tout notre milieu attendait ça. On avait le sentiment d’être un peu oubliés et on ne comprenait pas pourquoi, surtout qu'on a quand même été les premiers impactés par le coronavirus et le confinement puisque les salles de concert ont fermé bien avant les écoles. Et l’on sait qu'on sera les derniers à reprendre. C'est sûr que j'aurais souhaité qu’il y ait une date de reprise claire pour le monde des intermittents et de la culture en général. Dans beaucoup de secteurs comme l'école, ce sera le 11 mai. Après, je comprends que ce soit aussi compliqué de définir un calendrier pour tout notre milieu. Il y a tellement de diversité dans notre secteur que c'est un peu compliqué. Pour l'instant, on va donc attendre de voir ce qui est possible de faire.
Emmanuel Macron a appelé les professionnels de la culture à se réinventer et à s’adapter en cette période de crise. Il a notamment émis l’idée "d’organiser le temps périscolaire différemment" avec davantage de culture et d’interventions d’"artistes et créateurs intermittents" à l’école. Qu’en pensez-vous ?
Pourquoi pas, même si ça se fait déjà, avec beaucoup d’écoles qui accueillent des spectacles toute l’année. C'est une très bonne idée, mais dans le monde des intermittents, il n’y a pas que le point de vue artistique. On n'intervient jamais en tant que technicien dans les écoles. Souvent, ce sont des artistes, des petites compagnies qui sont seules.
Comment se déroule votre quotidien en tant qu’intermittente, depuis le début de l’épidémie ?
Je n'ai pas travaillé depuis fin février puisque la tournée sur laquelle j'étais prévue a été annulée et reportée. Pour l'instant, on croise les doigts pour qu’elle reprenne fin 2020. Mon quotidien, il se résume à m'occuper de mes enfants. Je leur fais l'école. C'est un vrai travail aussi mais j’en suis très contente. Je passe beaucoup de temps avec eux. Mon conjoint travaille également dans le monde du spectacle, donc on est doublement impactés. On fait très attention. On a pris les mesures importantes tout de suite, en faisant par exemple un report de crédit pour une année. On a commencé directement par ça, c’est-à-dire regarder et couper dans le budget. Nous avions aussi une fille au pair qui s'occupait des enfants. Du coup, elle est repartie chez elle. Dans notre quotidien, on essaie de garder de l’énergie, mais ce n’est pas toujours facile. On est quand même passés d'un sentiment qui était assez optimiste au départ, en pensant que ça n'allait pas durer longtemps. Je vous avoue qu'on commence de plus en plus à être inquiets et angoissés parce que l’on pensait que notre activité allait reprendre cet été. Maintenant, ce serait plutôt à l'automne. Ou alors en 2021. On a zéro perspective. On sent bien, pour en parler beaucoup entre nous, que tout le monde attend les plans et décisions à venir. Dans notre métier, on a besoin d'organisation en amont. Une tournée, ça ne se monte pas en une semaine. Tout ne peut pas se gérer au tout dernier moment.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.