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Déconfinement : les clubs d'escrime inquiets que le protocole sanitaire ne fasse fuir les pratiquants

Les escrimeurs ont pu reprendre la pratique de leur discipline depuis le 22 juin, mais avec de fortes contraintes sanitaires. Les licenciés reviendront-ils à la rentrée de septembre si les conditions restent aussi strictes ?

Article rédigé par Jérôme Val
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
A Lons-le-Saunier (Jura), le 23 juin 2020, le club d'escrime s'est préparé aux nouvelles règles en vigueur : impossible de se prêter les équipements, à chacun les siens. (JÉRÔME VAL / RADIO FRANCE)

Depuis quelques jours, la salle d’arme de Lons-le-Saunier (Jura), située au premier étage d’un ancien bâtiment municipal, reprend vie. On entend de nouveau le cliquetis des sabres. "Ça m’a manqué de ne plus faire d’escrime, de ne plus revoir mes amis aussi, j’étais coincé chez moi, explique Milan, 12 ans, le sourire aux lèvres. Je ne suis pas inquiet par cette reprise avec le virus, mais c’est sûr qu’il y a des différences par rapport à d’habitude."

Un équipement complet individuel

Depuis le 22 juin et la nouvelle phase du déconfinement, il est permis de reprendre des entraînements avec le retour des assauts mais toujours avec de fortes contraintes sanitaires, surtout dans un sport comme l’escrime où l’équipement est imposant. Ce n’est pas tout à fait un retour à la normale : les enfants sont d’abord rassemblés en bas des escaliers pour éviter de croiser du monde. Pas de vestiaire non plus, tout le monde doit arriver habillé et passage obligé par les toilettes pour laver les mains. De nouvelles règles qui s’appliquent aussi aux équipements. "Chaque escrimeur doit avoir une veste, une sous-veste, pas encore de pantalon parce qu’on n’a pas fait de match, un gant et un masque", détaille Fabien Bouvier, le maître d’armes du cercle d’escrime lédonien, depuis 40 ans au club.

Sur le plancher blanc de la salle, les équipements sont entassés et il y a un tas par licencié désormais. C’est l’une des nouveautés de cette reprise. "On prête tout le matériel aux enfants et parfois, ils se l’échangent d’une séance à l’autre, poursuit l’entraîneur. Dans le contexte actuel, on a voulu éviter ça. Chaque escrimeur s’est fait son petit packtage qu’il laisse dans un coin avec son prénom dessus. C’est lui qui en sera responsable. C’est le système qu’on va mettre en place la saison prochaine."

Cela nécessite un investissement car il faut avoir beaucoup de matériel.

Fabien Bouvier, maître d'armes

à franceinfo

Mais ce n’est pas la seule contrainte et parfois le diable se niche dans les détails. Comme dans les prises électriques, indispensables en escrime. "Normalement, on électrifie les tenues, raconte Dominique Veyrac, la présidente du comité régional de Bourgogne Franche-Comté. Mais ça veut dire brancher et débrancher des prises, les manipuler. Ce n’est pas autorisé, il faudrait désinfecter à chaque fois. C’est un peu compliqué."

Inquiétudes pour les clubs

Pour l’instant, à Lons-le-Saunier (le club compte 90 licenciés), presque tout le monde a répondu présent malgré les contraintes. Adriana, mère de deux jeunes garçons, s’est interrogée pour les faire revenir. "Je me suis posé la question un petit peu mais la vie continue, l’école a repris, il faut continuer, il n’y a pas de raisons. Je suis confiante pour mes enfants et on va revenir."

Continuer ou pas à la rentrée : c’est forcément un sujet d’inquiétude pour les clubs pour Dominique Veyrac. "Je suis inquiète pour l’organisation même de l’activité et il faut aussi protéger les licenciés et les maîtres d’armes. Ici à Lons-le-Saunier, c’est un petit club et ce n’est pas évident de mettre en place tout ce protocole. Dans les petites structures, dès qu’on a une chute des licenciés, ça a un impact financier."

On peut se demander si certaines structures vont pouvoir survivre.

Dominique Veyrac, présidente du comité régional de Bourgogne Franche-Comté

à franceinfo

Certains clubs de la région comme les Mousquetaires de Dijon ont prévu de maintenir un lien avec les parents tout l’été pour tenter de les rassurer. "C’est indispensable mais déjà les retours que nous avons des parents est encourageant, se félicite le président du club bourguignon Michel Javouhey. Beaucoup pensent remettre leur enfant à la rentrée de septembre." Pour ce mois de juin, sur les 51 licenciés à Dijon, 35 ont déjà repris.

Escrime : reprise mais avec de lourdes contraintes sanitaires - Reportage de Jérôme Val

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