Des inspecteurs du Travail accusent le ministère de peser pour que les suites "soient le moins douloureuses possibles" pour les employeurs
Quatre syndicats accusent le ministère du Travail de leur mettre des bâtons dans les roues. Ils affirment que leurs missions de contrôle des entreprises sont entravées au nom de la poursuite de l’activité économique et dénoncent des pressions.
Depuis le début du confinement, les 2 000 inspecteurs du Travail sont en télétravail. À cause de l’épidémie de coronavirus, leurs déplacements sont limités et se heurtent à des problèmes logistiques, explique Ian Dufour, délégué CGT. "On a une vraie difficulté du fait que nous n’avons pas de masques à disposition, pointe-t-il. Alors, certes, il semble qu’il y en ait dans certaines régions un petit peu mais le stock n’est pas suffisamment important. Et dans d’autres régions, il n’y en a pas du tout. Et dans d’autres encore, on a des masques qui sont périmés".
Ça nous pose un problème de crédibilité. Ce n’est pas si facile d’être face à un employeur et de lui expliquer les yeux dans les yeux qu’il doit mettre des masques à ses salariés alors que nous-mêmes, nous sommes sans kit de protection.
Ian Dufour, délégué CGTà franceinfo
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Les déplacements sont non seulement limités mais les agents subissent surtout des pressions pour ne pas trop se rendre sur le terrain, affirme Julien Boeldieu de la CGT. Selon lui, les inspecteurs ne peuvent plus faire de contrôles inopinés sans autorisation. "Cela doit toujours faire l’objet, comme dit le ministère, d’une discussion préalable, explique le délégué. En réalité, c’est littéralement un droit de veto. Cette liberté est aujourd’hui très clairement remise en cause par le ministère du Travail qui cherche à peser directement sur les suites que nous allons donner à nos contrôles, pour que ces suites soient le moins douloureuses possibles pour les employeurs".
La première préoccupation du ministère du Travail, c’est bien la poursuite de l’activité économique et non pas la santé et la sécurité des travailleurs.
Julien Boeldieu de la CGTà franceinfo
La colère des syndicats est d’autant plus forte qu’un inspecteur du travail de la Marne a été suspendu de ses fonctions. Il avait engagé une procédure en référé envers une entreprise d’aide à domicile. Intolérable pour Camille Planchenault délégué SUD : "Ce qui se passe-là est inédit et gravissime. Tous les collègues sont choqués. Là, on a clairement des éléments qui sont très très graves et qui laisseront des traces. Ils devront rendre compte de tout ça. Ce ne sont pas des mots en l’air." L’agent suspendu a méconnu de manière délibérée grave et répétée les instructions de l’autorité centrale, a justifié le ministère du Travail jeudi soir dans un communiqué.
La CGT, Sud, FSU et CNT de l'Inspection du travail vont déposer une plainte dans les prochains jours auprès de l'Organisation internationale du travail.
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