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En Inde, la difficile application des mesures de confinement et de couvre-feu contre l'épidémie de coronavirus

Le gouvernement indien a déclaré un couvre-feu total pour trois semaines à partir du mercredi 25 mars pour le milliard 300 millions d’habitants du pays.

Article rédigé par franceinfo - Sébastien Farcis, édité par Frederic Wittner
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Contrôle policier dans une rue de New Delhi le 25 mars 2020, premier jour du couvre-feu décrété par le gouvernement (JEWEL SAMAD / AFP)

Cette décision de respecter désormais un couvre-feu total est la conséquence d’une augmentation relativement rapide du nombre de cas d’infection au coronavirus. Ceux-ci s’élèvent maintenant à près de 500 cas et 11 morts déclarés.

Le confinement avait déjà commencé dans certaines parties du pays : depuis deux jours, les autorités régionales avaient imposé de plus en plus de restrictions, et la veille de l’annonce du Premier ministre, plus des trois quarts du pays se trouvaient plus ou moins confinés.

C’est à présent étendu à tout le pays : les usines et bureaux sont fermés, seuls les magasins essentiels comme ceux d’alimentation et les pharmacie peuvent ouvrir. Tous les transports, dont les vols commerciaux, sont arrêtés, et les rassemblements sont interdits. Les personnes ne pourront circuler que de manière exceptionnelle. L’autre changement est que ce confinement est déclaré solennellement par le Premier ministre, et que l’on s’attend à ce que les contrevenants soient pénalisés, ce qui était rare ces derniers jours.

Des mesures difficiles à appliquer 

Jusqu’a présent, les habitants issus de classes aisées respectent plus ou moins ces mesures et restent chez eux, ou gardent leurs distances. C’est plus difficile pour les personnes plus pauvres, qui représentent l’essentiel de la population indienne : "Beaucoup de gens vivent dans des petites maisons qui font la taille de la salle des bains des plus riches indiens. Pour eux, il n’est pas question de travailler de la maison, explique Beena Palical, coordinatrice d’un réseau pour le droit des populations dalits, les anciens "intouchables". Et même rester chez eux est impossible, car ils partagent souvent cet espace avec 10 ou 15 autres membres de leur famille." 
Cette militante s’inquiète aussi du fait que les travailleurs contractuels et précaires risquent de souffrir à cause de l’arrêt de toutes les activités : "Aujourd’hui, quelqu’un m’a appelé pour me prévenir qu’un hotel de luxe avait demandé à ses travailleurs de rang inférieur de prendre trois mois de congés non payés. Vous imaginez ? Leur chef doit gagner 3 000 euros, et lui on lui demande pas cela. Comment ces travailleurs pauvres vont-ils survivre ?

Des décisions différentes selon les régions

La province de New Delhi a annoncé que les repas gratuits offerts aux enfants des écoles publiques seront distribués chez eux, maintenant que les écoles sont fermées. Dans le sud, le Kérala a déjà débloqué deux millions d’euros pour des mesures d’aides de différents niveaux et dans l’état voisin du Tamil Nadu, des rations d’aliments essentiels vont être distribuées aux plus pauvres.
C’est un début, mais cela ne touchera pour l’instant qu’une minorité de la population affectée dans le pays.  

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