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En route vers Paris 2024. Reprogrammer son avenir olympique

Cécilia Berder, membre de l’équipe de France d’escrime, est en pleine sélection pour les JO de Tokyo. Elle nous fait vivre de l’intérieur le quotidien d’un athlète de haut niveau en période de confinement.

Radio France
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Après le report des Jeux, l'équipe de France de sabre va devoir se remettre en ordre de marche. (BIZZI TEAM)

Pour des raisons sanitaires évidentes, les Jeux olympiques de Tokyo de 2020 auront lieu en 2021. À la suite de cette annonce, mon téléphone n'a pas arrêté de sonner. La vingtaine de journalistes voulait une réaction dans la seconde.  "Comment vous accueillez cela ? Vous êtes soulagée, on imagine ?"

Je n'ai pas pu répondre dans la foulée à toutes ces demandes, alors j'ai laissé leur imagination travailler et j'ai éteint mon téléphone. Quelques heures. Histoire de reprendre pied. Évidemment, tous les sportifs ont compris l'urgence de la situation, et la priorité n'est en aucun cas le sport. Mais je continue de penser que chaque olympien méritait quelques instants pour comprendre, encaisser, souffler, réfléchir.

Sueur, chute et coup sur la tête

Décaler un projet professionnel d'une année n'est pas grande chose à l'échelle d'une vie. Mais dans un projet sportif, l'investissement n'est pas simplement fait d'énergie et de temps. On y ajoute très facilement de la sueur, du sang, des chutes, des apprentissages, des vrais coups sur la tête (une pensée particulière pour les sports de combat) des émotions en montagne russe, des remises en question perpétuelles et un corps usé, parfois pétri de douleurs et difficile à faire sortir du lit. Dans un projet sportif, vous imposez votre quotidien à vos proches. Déplacements, stages, fatigue quotidienne, compétitions, chaque athlète devra repenser, réétudier ses projets personnels et ses projets de vie.

La course de 100 mètres se transforme en 400 mètres

La majorité des olympiens est exposée et focalisée sur cet événement planétaire unique et rare. Je ne parle pas ici des sportifs professionnels. Pour un athlète issu d'un sport confidentiel, un tel décalage remet tout à plat. Est-ce que dans un an et demi, le projet reste viable financièrement, est-ce que l'entreprise qui avait promis de l'embaucher à l'issue de sa carrière le voudra encore ? Qu'en est il des sélections déjà acquises par certains ? Quel sera le niveau, l'état du corps, d'un collectif après un tel chamboulement ?

Nous étions programmés pour courir un 100 mètres jusqu'aux Jeux de Tokyo cet été. La course se transforme en 400 mètres. Il est, à mon sens, indispensable pour chaque athlète de s'accorder un temps de repositionnement dans les starting- blocks. Un temps de calme dans la tempête pour se reprogrammer. Un instant de respiration avant de replonger dans l'apnée des sélections.

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