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Enquête sur la Chine : "Pour l'instant il faut se serrer les coudes" face à l'épidémie, "les investigations viendront après" dit une directrice de l'OMS

Une soixantaine de pays, dont ceux de l'Union européenne, veulent profiter de l'Assemblée mondiale de l'OMS qui a débuté lundi, pour réclamer une enquête sur la gestion de l'épidémie par la Chine.

Article rédigé par franceinfo
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Sylvie Briand, à Genève, le 12 mai 2020. (FABRICE COFFRINI / AFP)

La Chine devra peut être s'expliquer devant la communauté internationale sur le coronavirus. Une soixantaine de pays, dont ceux de l'Union européenne, veulent profiter de l'Assemblée mondiale de l'OMS qui a débuté lundi, pour réclamer une enquête sur sa gestion de l'épidémie.

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"Pour l'instant il faut se serrer les coudes" face à l'épidémie, dit mardi 19 mai sur franceinfo, Sylvie Briand, directrice de la préparation mondiale pour les épidémies à l'OMS, "les investigations viendront après".

franceinfo : La Chine a t-elle des choses à se reprocher ?

Sylvie Briand : Au début de l'épidémie, il y a toujours beaucoup de flou. C'est très difficile de remonter l'origine de la transmission. Je pense que quand le pic de cette pandémie sera passée, les Etats membres demanderont à ce que l'on refasse l'analyse des premières données. Mais au début de toutes façons, il y a eu déjà des mesures très strictes prises par la Chine pour éviter que l'épidémie n'arrive dans les autres pays. Ils avaient déjà mis des contrôles très stricts aux frontières. Comme on l'a vu, c'est un virus qui est difficile à contenir puisqu'il y a des gens qui sont asymptomatiques et qui peuvent quand même transmettre le virus. C'est un peu ça le problème avec ces virus d'origine animale. Quand on ne les connaît pas, c'est extrêmement difficile de savoir si les mesures seront suffisantes ou pas.

Au début de l'épidémie, l'OMS avait envoyé une équipe sur place et elle n'a eu ni accès au marché de la ville, ni au laboratoire. Aujourd'hui, le pays vous semble prêt à ouvrir grand ses portes ?

Il y a eu d'abord une équipe de l'OMS qui est partie en janvier, mais qui était notre "bureau-pays" et elle a pu aller à Wuhan. Mais effectivement, la deuxième équipe qui est allée en Chine en février, au moment où il y avait le confinement complet à Wuhan, n'a pas pu aller sur place. Je pense que c'était un peu à chaud. On espère maintenant qu'on pourra avoir accès à toutes les données à distance.

La Chine est l'un des premiers contributeurs de l'OMS et est régulièrement soupçonnée de tirer les ficelles de l'organisation. Est ce que l'OMS, n'est pas juge et partie ?

On est financé par tous les Etats membres. Ce qui caractérise l'OMS, c'est justement d'essayer d'être le plus neutre possible. Et en ce moment, il y a effectivement énormément de tensions entre certains de nos Etats membres. On essaye vraiment de jouer plutôt la carte de la coordination, de la solidarité, que tous les pays soient ensemble pour lutter contre cette crise et pas rentrer dans des luttes partisanes qui n'aideraient personne au moment de cette pandémie. Vous pouvez interpréter les propos de la Chine comme vous le souhaitez. J'ai assisté aux discussions hier (lundi) de nos Etats membres, la plupart des États membres ont dit qu'il fallait absolument qu'on soit tous ensemble dans cette crise et qu'il y aurait donc des investigations qui seraient faites. Même l'OMS a accepté qu'il y est justement une revue de toutes les actions et de toutes les décisions qui ont été prises. Mais tout le monde a jugé qu'il était pour l'instant temps, de vraiment se serrer les coudes et de lutter ensemble contre ce virus.

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