Gestion du Covid-19 : "Circonspecte" après le placement sous statut de témoin assisté d'Edouard Philippe, une association de victimes "confortée sur la nécessité d'un procès"
L'ancien Premier ministre n'a pas été mis en examen par la Cour de justice de la République, contrairement à son ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn.
Julie Grasset se dit "circonspecte" et "étonnée" après le placement sous statut de témoin assisté de l'ancien Premier ministre Édouard Philippe, révélé samedi par franceinfo, dans l'enquête sur sa gestion du Covid-19. Invitée de franceinfo dimanche 23 octobre, la présidente de l'association de victimes CœurVide19, qui a porté plainte contre l'exécutif, ne comprend pas cette décision de la Cour de justice de la République (CJR) puisqu'elle "décorrèle l'action et les décisions de la ministre de Santé, elle-même mise en examen, de celles du chef du gouvernement".
"Ça pose question sur le processus de prise de décision lors de la première vague. Ça conforte mon point de vue sur la nécessité d'un procès dans lequel les différentes parties pourront exposer les faits."
Julie Grassetà franceinfo
Julie Grasset en profite pour répondre au député Renaissance Benjamin Haddad, qui dénonçait samedi sur franceinfo "un précédent inquiétant". "Nous avons justement transmis à la CJR des éléments à charge qui représentent des précédents inquiétants quant à la manière dont les choses se sont décidées."
"Des fautes à caractériser sur le plan pénal"
"J'ai choisi, comme l'État de droit me l'autorise, de saisir la CJR habilitée à instruire des plaintes à l'encontre de ministres", explique Julie Grasset. Celle qui a perdu son père décédé lors de la première vague du Covid-19 en mars 2020, estime que "les protocoles sanitaires déployés dans l'urgence comme la crémation immédiate, le fait d'interdire des familles d'aller voir leurs proches et de leur faire des obsèques, ont été surinterprétés". "Il faut prendre conscience qu'on est face à des manquements, à des fautes qui sont à caractériser sur le plan pénal."
L'association CœurVide19, qui dénonce une "stratégie d'invisibilisation des victimes", se bat également pour réparer le "deuil impossible" des familles. Cela ne passe pas uniquement par la tenue d'un procès devant la CJR mais aussi "par la tenue d'un hommage de la Nation pour nos parents qui n'ont pas eu d'obsèques et dont la dignité a été sacrifiée par des protocoles sanitaires barbares". Julie Grasset explique également utiliser la justice en tant que "citoyenne" et "mère de famille". "On n'est pas à l'abri que ce type de pandémie ressurgisse un jour, prévient-elle. Si je dois malheureusement succomber à un virus, j'espère que nos enfants n'auront pas à subir ce que nous avons subi."
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