Hécatombe à l'Ehpad de Mougins : quatre familles déposent une nouvelle plainte
La plainte contre X a été déposée pour homicide involontaire, non-assistance à personne en danger et mise en danger d'autrui.
"Ma grand-mère était un modèle de sociabilité, on l'a laissée crever dans son coin." Les proches de quatre résidents d'un Ehpad de Mougins (Alpes-Maritimes), où le Covid-19 a tué 36 pensionnaires depuis le début de l'épidémie, ont déposé plainte vendredi 10 avril. Ils déplorent des décès appris dans des "conditions aberrantes".
Cette plainte contre X a été déposée à Grasse par leur avocat Fabrice Arakelian, pour homicide involontaire, non-assistance à personne en danger et mise en danger d'autrui. Elle suit une première plainte, déposée début avril par la famille d'une autre résidente de l'Ehpad La Riviera, qui comptait 109 résidents avant la crise, et qui appartient au groupe Korian. Il n'a pas donné suite aux appels de l'AFP, vendredi.
"Ce drame ne doit jamais plus se reproduire en France", a réagi lors d'un point presse téléphonique le maire de cette ville située près de Cannes, le docteur Richard Galy, qui a annoncé l'intention de la municipalité de se porter partie civile. "Un Ehpad est un 'cluster' en puissance, il faut réagir très vite et c'est ce qui n'a pas été fait."
"Elle est morte dans son coin, comme un animal"
Odette Noyer, l'une des pensionnaires décédées à La Riviera, venait de fêter ses 94 ans. Son petit-fils Arnaud, partie prenante de la plainte déposée vendredi, est révolté : "Le 24 mars, c'était son anniversaire. On n'a pas pu aller la voir. Mais ce qui me rend fou, c'est qu'elle soit morte dans son coin, comme un animal. Ils vont le payer très cher."
"Elle avait toute sa tête et c'étaient plus des problèmes de mobilité et le fait que ma mère soit malade qui nous avaient obligés à la mettre là depuis juillet 2018", ajoute ce quadragénaire, qui a appris le drame en cours dans l'Ehpad en lisant Nice-Matin. Depuis, il s'occupe d'organiser un collectif des familles de Mougins, mais aussi d'autres Ehpad, jusqu'en région parisienne.
Fabrice Arakelian liste dans sa plainte les "lourds préjudices moraux" des plaignants. "Ils ont pris connaissance des décès tragiques de leurs parents (...) dans des conditions aberrantes et dramatiques, sans pouvoir être à leurs côtés au moment de leur fin de vie douloureuse, et parfois même sans pouvoir leur rendre un dernier hommage." Le premier décès d'un malade atteint du Covid-19 dans cet établissement date du 15 mars. Un dépistage systématique n'a pas eu lieu avant le 4 avril pour le personnel et le 6 pour les résidents, rappelle la plainte.
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