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"Il y a un risque de contagion, mais on n’a pas le choix" : en plein Covid-19, des agriculteurs britanniques font appel à des travailleurs étrangers pour sauver leur récolte

Les récoltes de salades de fraises et d’asperges sont menacées en Grande-Bretagne, qui ne dispose pas d’assez de travailleurs qualifiés dans les champs. Les agriculteurs font appel à des travailleurs des pays de l’Est, malgré le coronavirus Covid-19 et les risques de contagion.

Article rédigé par Olivier Poujade, Gilles Gallinaro
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Edward Stanton, dans sa ferme de Ramsgate, dans le Kent, au sud-est de Londres. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

"40% de nos 80 hectares pourriront dans les champs si on ne parvient pas à recruter de la main d’œuvre", soupire Edward Stanton. De père en fils, depuis la Seconde Guerre mondiale, Edward et Matt Stanton récoltent des asperges dans leur ferme de Ramsgate, dans le Kent, au sud-est de Londres. 

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Les récoltes de salades de fraises et d’asperges sont en effet menacées par le coronavirus en Grande-Bretagne, qui ne dispose pas d’assez de travailleurs qualifiés dans les champs où chaque année sont employés 70 000 saisonniers. Une grande compagnie maraîchère britannique a donc décidé d’affréter des vols charters en provenance d’Europe de l’Est la semaine dernière. Tous ont été placés en quarantaine à leur arrivée mais la Roumanie refuse d’autoriser d’autres vols de ce type, considérant que le Royaume-Uni fait partie des principaux foyers du coronavirus. Les agriculteurs britanniques comme les Stanton, eux, sont partagés entre peur du coronavirus et peur de tout perdre. Avec eux, il y a déjà sur l'exploitation une trentaine de travailleurs arrivés de Roumanie et de Bulgarie, avant que le coronavirus Covid-19 ne fige tout le reste de la main d’œuvre. Mais ce n'est pas suffisant pour assurer l'activité nécessaire aujourd'hui.

"Les travailleurs étrangers qui sont déjà avec nous, ils sont sous contrôle, assure M. Stanton. Ils vivent en communauté dans leurs caravanes et on maîtrise côté hygiène. C’est pour cette raison que nous prenons des risques si on fait appel à d’autres personnes."

Est-ce qu’on reste avec ces trente-là, et on se débrouille comme on peut, et personne n’attrapera le virus ? Ou on fait rentrer du monde et on s’expose au virus, mais sinon rien ne sera ramassé ?

Edward Stanton

à franceinfo

Plus de 30 000 personnes ont répondu à l’appel de l’association des producteurs britanniques pour "nourrir la nation", mais ces volontaires anglais ne sont pas formés. "Les travailleurs anglais, vous en attendez dix le lundi matin, mais seulement quatre seront finalement là, soupire Edward. Et les autres auront bu trop de bière la veille. Ils vont vous demander s’ils seront payés en liquide et à 5 heures, il faut faire une pause pour le thé…" 

Toute la chaîne de production est ici réunie sur le même site, de la cueillette à l’emballage. "J’ai peur pour moi, il y a un risque, mais on n’a pas d’argent, on n’a pas le choix", explique Zara, l’une des rares à parler anglais parmi ces travailleurs venus de l’étranger.

En Bulgarie, il n’y a pas de travail pour les gens : ils veulent venir et tout de suite. Ils n’ont même pas d’argent pour se nourrir, ils n’ont rien. C’est la vie : on a besoin d’argent. Si on doit mourir, on meurt.

Zara, une travailleuse bulgare

à franceinfo

Les partisans du Brexit avaient promis de barrer la route à ces travailleurs d’Europe de l’Est. L’épidémie de coronavirus Covid-19 démontre qu’ils sont ici très précieux et les lobbies agricoles font aujourd’hui pression sur le gouvernement Johnson pour faciliter leur retour.

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