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Ile-de-France : un homme de 27 ans accusé d'avoir organisé une vingtaine de rave-parties notamment pendant le confinement

Le principal suspect, la société Shotgun et un fournisseur de matériel de sonorisation sont convoqués devant le tribunal correctionnel de Bobigny mardi pour une audience qui fixera la date du procès.

Article rédigé par franceinfo
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Le tribunal de grande instance de Bobigny, en Seine-Saint-Denis. (SUZANNE SHOJAEI / FRANCE-BLEU PARIS)

Un organisateur présumé de rave-parties doit être jugé prochainement par le tribunal de Bobigny, a appris franceinfo auprès du parquet de Bobigny lundi 4 janvier. L'homme âgé de 27 ans va devoir s'expliquer sur l'organisation d'une vingtaine de fêtes en Île-de-France depuis le printemps 2019, notamment pendant le confinement. Lors de sa garde à vue, il a avoué la plupart des faits tout en affirmant avoir agi bénévolement, alors que les enquêteurs estiment ses bénéfices à 60 000 euros.

150  000 euros de chiffre d'affaires

En septembre dernier, une rave-party avait réuni un millier de personnes à La Courneuve, dans un hangar de 6 000 m² "en état de délabrement avancé, démuni d’éclairage, d’issues de secours et d’alarme incendie", souligne le parquet. Au bout de plusieurs semaines d'investigations, la police a identifié l’organisateur présumé de cette soirée.

>> Rave-party en Ille-et-Vilaine : un organisateur présumé déféré lundi au parquet, ouverture d'une information judiciaire.

Le mis en cause se décrit comme un passionné de musique électronique et d’exploration de lieux insolites. Il est soupçonné d'avoir créé l’association fantôme "Feel free records" au printemps 2019 et d'avoir organisé au moins 22 soirées clandestines en 18 mois, de quoi générer "un chiffre d’affaires de plus de 150 000 euros et un bénéfice non déclaré de près de 60 000 euros pour l’intéressé", d'après les estimations des enquêteurs. Les fêtes avaient notamment pour cadre des sites désaffectés tels que d’anciennes carrières dans le Val-d’Oise où, à l’occasion d’Halloween, plusieurs des 500 participants ont été intoxiqués au monoxyde de carbone.

La dernière soirée organisée dans la nuit du 21 au 22 novembre, en pleine période de confinement, a réuni environ 600 participants au milieu d’un tunnel ferroviaire désaffecté de l’ancienne ligne de la petite ceinture dans le 13e arrondissement de Paris, en présence notamment de journalistes du média en ligne Brut. La mairie du 13e arrondissement a déposé plainte, à cause des feux de camp qui avaient été allumés et des nombreux déchets qui souillaient les lieux, précise le parquet de Bobigny.

De nombreux collaborateurs non déclarés

Le parquet souligne l'importante infrastructure mise en place par le suspect. "La promotion et la prévente des places auprès des participants était assurée par la société Shotgun, qui fournissait moyennant une commission une prestation de communication, de billetterie électronique et de gestion financière des rémunérations des prestataires. Les participants qui avaient pré-réservé leur billet via le site recevaient en début de soirée par courriel les coordonnées GPS du site".

Pour organiser ces soirées clandestines, de nombreux collaborateurs étaient mobilisés mais non-déclarés : "Fournisseurs de matériel de sonorisation, installateurs chargés de l’aménagement des lieux, guides d’accompagnement des participants, billetterie sur site en espèces, disc-jockeys, serveuses, etc, indique le parquet de Bobigny. Un matériel technique complet a été découvert lors des perquisitions" de l'appartement du suspect en proche banlieue parisienne, de son véhicule utilitaire et de la propriété campagnarde de ses grands-parents. Outre les décors de grande taille et les enceintes sonores professionnelles, les enquêteurs ont notamment retrouvé de multiples supports de communication à l’effigie de l’association "Feel free records". L’ensemble des équipements ont été saisis de même que les comptes bancaires du mis en cause.

Il dit agir au nom de la "bienveillance"

Lors de sa garde-à-vue, le suspect s'est d'abord présenté comme simple participant à ces rassemblements avant de reconnaître en être l’organisateur. "Il persistait cependant à invoquer une activité bénévole et désintéressée en dépit des preuves financières. Il justifiait ses agissements au nom de la communauté de valeurs partagée par la jeunesse et du concept de bienveillance", indique le parquet.

Le principal suspect, la société Shotgun et un fournisseur de matériel de sonorisation sont convoqués devant le tribunal correctionnel mardi 5 janvier pour une audience de fixation en vue d'un jugement ultérieur. Le principal mis en cause devra répondre notamment de mise en danger d’autrui, travail dissimulé, ouverture de débits de boissons, ainsi que de nombreuses contraventions à la réglementation sur la sécurité des établissements recevant du public et violation des règles du confinement mais aussi pour complicité de faux et d’usage de faux, abus de confiance et blanchiment habituel.

La société Shotgun et son dirigeant sont poursuivis pour complicité de mise en danger lors du dernier rassemblement organisé à Paris, dans le 13e arrondissement, pendant le confinement. Le fournisseur de sonorisation sera jugé pour complicité lors du rassemblement de La Courneuve et l’établissement d’un faux contrat au nom d’un tiers afin de dissimuler l’identité du mis en cause.

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