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"J'essaye de travailler à la fenêtre" : problèmes de connexion, pas d'ordinateur... pendant le confinement, la galère des étudiants mal équipés

Connexion trop faible pour regarder des vidéos ou accéder à certaines plateformes, utilisation du smartphone à défaut d'ordinateur : depuis le début du confinement, le quotidien de certains étudiants s'est sérieusement compliqué. Et l'approche des examens, dont les modalités restent inconnues, ajoute du stress. 

Article rédigé par Alexis Morel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Durant le confinement, les étudiants doivent parfois faire face à une mauvaise connexion Internet ou à l'absence d'ordinateur pour continuer à suivre leurs cours. (photo d'illustration) (JEAN-MARC LOOS / MAXPPP)

Sans box internet, voire sans ordinateur : certains étudiants se sentent complètement abandonnés et coupés du monde depuis le début du confinement, alors que tout passe désormais par internet. Depuis trois semaines, ces jeunes ne peuvent pas suivre correctement leurs cours, et ils s’inquiètent maintenant pour les examens à distance.

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Pour Kattel, confinée dans son studio parisien de 15 m², étudier le droit en ce moment, c’est le parcours du combattant. Pas de box internet et très peu de réseau sur son téléphone, la jeune femme se débrouille comme elle peut : "Je suis sans cesse en train de faire des allers-retours, à essayer de voir où je pourrais capter le mieux dans 15m², donc j'essaye de travailler à la fenêtre."

Difficile dans ces conditions de suivre correctement les enseignements en ligne dispensés par l'université. "C'est compliqué de suivre des vidéos. Les professeurs qui donnent cours par vidéo-conférence, c'est haché ou c'est impossible d'accès." Ce mauvais accès à internet complique la vie de l'étudiante : "Ça veut dire recevoir des mails en retard. C'est aussi ne pas pouvoir aller sur des plateformes où on trouve des ressources : je peux y aller une fois sur dix. Je le ressens comme une injustice. Les devoirs maison que je rends peuvent être moins qualitatifs." Cette situation est vécue comme une injustice. "Ce n'est pas de ma faute si j'ai très peu de connexion." 

Un système D pesant

Si certains ont un accès limité à internet, d'autres n'ont même pas d'ordinateur. C'est le cas de Mehdi, étudiant à Nanterre, qui n’a ni ordinateur ni tablette pour suivre les cours à distances. "Le seul moyen que j'ai de les consulter, c'est par téléphone, donc je vous laisse imaginer l'efficacité qu'on a lorsqu'on doit lire des cours sur son téléphone", déplore l'étudiant. Plus difficile encore que la lecture sur téléphone, la rédaction : "On doit rendre des devoirs assez conséquents, par exemple un compte-rendu de 3 000 à 4 000 mots. J'ai pu tant bien que mal le faire avec mon téléphone un peu lent. C'était horrible."

"Il y a des exercices que je ne peux pas faire sans ordinateur. Je ne sais pas si ces matières vont être automatiquement validées ou pas, on a aucune nouvelle pour l'instant de la présidence de la fac", s'inquiète-t-il. 

La tenue des partiels en questions

Ces cas ne sont pas si isolés, à en croire les enquêtes menées localement.
À l’Université Paris 8 par exemple, les enseignants de sociologie affirment qu’au moins 12 % de leurs étudiants ne disposent pas d’ordinateur, et que 37 % pâtissent d’une connexion capricieuse.

Dans ce contexte, certains s’inquiètent pour les examens à venir s’ils devaient être organisés à distance. Clémentine, étudiante en droit, doit partager connexion et ordinateur avec cinq autres membres de sa famille. "C'est hyper stressant. Déjà je me dis que si le réseau bugue au moment de la diffusion du sujet, j'aurai dix minutes de retard. Si la connexion bugue au moment du rendu du sujet et que je le rends après l'heure nécessaire, je peux avoir des pénalités au niveau de la note."

Certaines universités tentent de pallier ce manque d'équipement. À l'Université Toulouse - Jean Jaurès par exemple, plusieurs centaines d’ordinateurs portables vont être prêtés aux étudiants les plus en difficulté.

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