"Juste toucher la neige, faire des virages, se faire plaisir " : les skieurs de l’équipe de France à nouveau sur les pistes à Val d'Isère
Premières séances de ski depuis le confinement pour l’équipe de France de ski alpin et de ski de bosses, en stage cette semaine à Val d'Isère, en Savoie. Les skieurs doivent composer avec un calendrier bouleversé et beaucoup d’incertitudes pour la suite des compétitions.
7 heures du matin. Le brouillard enveloppe les cimes des montagnes et la neige tombe en tous petits flocons. À cette altitude de 3 300 mètres, la température n’excède pas zéro degré sur le glacier de Pisaillas, au-dessus du col de l’Iseran en Savoie, mais les skieurs de l’équipe de France sont bien là, aux aurores, pour leurs premières descentes depuis début mars. "Hier soir (lundi 8 juin), je n’arrivais pas à dormir, j’étais trop excitée à l’idée de repartir skier, raconte la championne olympique de ski de bosses Perrine Laffont. On était aussi tous trop contents de se retrouver !"
C’est comme si c’était ma première année en équipe de France, comme si c’était quelque chose de tout nouveau.
Perrine Laffont, championne olympique de ski de bossesà franceinfo
Un peu à l’écart de la piste, on s’active pour façonner les bosses à coup de pelle. "Ça tient en forme", s’amuse Ludovic Didier, l’entraîneur de l’équipe de France de bosses, qui pendant plusieurs heures, va manier sa pelle aux couleurs du drapeau français. C’est la première fois que les "bosseurs" tricolores viennent à Val d’Isère aussi tôt dans la saison. Car si la crise sanitaire du coronavirus a stoppé net la saison de ski en mars dernier avec l’annulation des dernières épreuves, elle perturbe aussi la préparation de la saison prochaine qui habituellement demarre fin octobre.
Masque obligatoire sur les remontées mécaniques
C’est une des conséquences de la crise sanitaire mais pas la seule. "C’est compliqué parce qu’on a énormément de normes strictes à respecter, détaille Ludovic Didier. On ne peut mettre qu’une seule personne par chambre dans nos logements à Val d’Isère. Les véhicules sont également restreints au niveau de la montée vers le glacier." Le masque est d’ailleurs obligatoire sur les remontées mécaniques mais pas pour skier.
De l’autre côté du téléski, c’est le terrain de jeu des skieurs alpins. C’est une reprise prématurée aussi pour eux. D’habitude, Clément Noël, chef de file du slalom français, reprend le ski à la fin août et profite de l’été pour parfaire sa condition physique. "On reprend tranquillement, explique celui qui a terminé deuxième de la dernière coupe du monde. On fait de la piste toute la matinée avec des skis de géant, des skis de slalom.À"
La crise a chamboulé les habitudes et créer des incertitudes sur la suite. Les skieurs alpins français pourront-ils aller comme ils le font traditionnellement fin août en stage à l’autre bout de la planète, à Ushuaia en Argentine ? C’est le flou mais il faut faire avec, admet Clément Noël. "Il y a des incertitudes pour nous un peu plus économiques dans le sens où les championnats du monde ne sont pas sûrs de se tenir en Italie. Il y a pas mal de choses qui sont en suspens. Pour l’instant, je n’y pense pas, on a le temps de voir venir."
Incertitudes sur les compétitions à venir
Mêmes doutes pour les spécialistes des bosses qui avaient l’habitude de se rendre dans l’hémisphère sud en Australie pour retrouver des conditions hivernales. Perrine Laffont, qui a décroché cette année sa troisième victoire en Coupe du monde, s’interroge même sur la saison. "Bien sûr, on se pose des questions quand on voit des pays comme les Etats-Unis qui ne s’en sortent pas alors que c’est une grosse nation pour notre sport. On doit aussi aller en Chine pour les championnats du monde. On se doute qu’il y aura peut-être des perturbations. Mais ça ne sert à rien à dépenser de l’énergie à penser à ça."
Ça casse nos habitudes et on va dans des endroits où on n’avait pas l’habitude d’aller. Il y a un rafraîchissement dans tout ce programme.
Ludovic Didier, entraîneur de l’équipe de France de bossesà franceinfo
A cette période de l’année normalement, les skieurs sont loin des pistes, plutôt au cœur de leur préparation physique. Mais il faut s’adapter à tout. "Changer les choses à cause d’un cas de force majeure, je trouve ça bien, raconte l’entraîneur italien de Clément Noël, Simone Del Dio. Quand tu répètes les mêmes choses pendant trop longtemps, ça perd de son intérêt. Ça fait du bien." Un constat partagé par son collègue de l’équipe de France de ski de bosses. "Ça nous permet de se remettre en question, renchérit Ludovic Didier. Si les conditions le permettent, la plupart des skieurs français resteront à Val d’Isère jusqu’à début juillet.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.