Le billet sciences. Covid-19 et transmissions animales : les zoonoses, de quoi s'agit-il ?
Cette semaine dans "Le billet sciences", nous nous intéressons à l’origine animale du Covid-19. Pourquoi et comment se transmet-il à l'homme ?
L’organisation mondiale de la santé animale estime aujourd’hui que 60% des maladies infectieuses humaines sont d’origine animale. Ce qu’on appelle les zoonoses.
Les zoonoses : c’est quoi ?
Une des causes serait due à notre mauvais rapport à la nature, Philippe Grandcolas, directeur de recherche au CNRS souligne que "dès les années 2000 à la première épidémie du SRAS, les scientifiques nous alertaient sur le système d'un milieu naturel dévasté côtoyant des élevages ou des marchés aux animaux. Une bombe à retardement, qui aujourd’hui, a effectivement explosé."
Il y aura un avant, et un après Covid-19, il faudra probablement revoir nos modes de consommation, et surtout de production de viande animale. Selon la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, l’élevage occupe 3,4 milliards d'hectares, soit 30% de toute la surface émergée de la terre, Plus d’un milliard d’animaux sont abattus chaque année en France, dont 5 millions de bovins. Pour Philippe Grandcolas, il est impératif de changer de système de production.
Il y a une nécessité d’avoir une mise en réserve plus importante des milieux naturels, de manière à ce qu’il y ait une grande quantité d’espèces naturelles, en état d’équilibre relatif, et c’est cet équilibre qui nous protègera contre leurs agents infectieux.
Philippe Grandcolas, entomologiste, directeur de recherche au CNRS
La transmission par simple contact avec les animaux n’est pas prouvée pour le Covid-19
Mais c’est plutôt la manière dont parfois, au nom de la productivité, nous traitons les animaux. Rappelez-vous le scandale des farines animales, à l’origine de la vache folle, et de la transmission à l’homme de la maladie incurable de Creutzfeldt-Jakob (MJC). Sans compter le mauvais usage des antibiotiques qui rend les bactéries résistantes et, de fait, les antibiotiques inefficaces pour l’homme.
La plupart du temps, les agents infectieux qui se trouvent dans la nature ne sont pas capables de nous rendre malades. Mais en réduisant leurs espaces, en s’attaquant à la biodiversité, on exerce sur eux une sélection qui les met en promiscuité avec d’autres espèces animales. À la fin, le virus devient compatible avec notre corps, c’est ce qui s’est passé.
Philippe Grandcolas
On ne pourra pas dire que nous n’étions pas prévenus. L’après-Covid pourrait changer nos modes de consommation et surtout de production. Par exemple, les sous-produits de porc et de volailles, sous la pression des lobbies, et après avis favorable des scientifiques ont été réintroduits en Europe pour nourrir les poissons, arguant du fait qu’ils sont carnivores. Le consommateur de l’après-Covid pourrait bien changer la donne !
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