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Le billet sciences. Est-on immunisé une fois que l'on a eu le Covid-19 ?

Cette question cruciale pour organiser le déconfinement n'est pas encore tranchée clairement par les chercheurs. D'autant que les cas de personnes qui retombent malades du Covid-19 se développent en Asie.

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le virus Covid-19 vu par un microscope électronique. Photo d'illustration. (NIAID- RML/NATIONAL INSTITUTES OF HEALTH HANDOUT / MAXPPP)

Une fois que l’on a eu le Covid-19, peut-on vraiment dire qu’il n’y a plus aucun risque de développer la maladie de nouveau ? Un peu comme la varicelle : une fois qu'on l'a attrapée, on est tranquille, parfois même à vie. C’est le fonctionnement en général de notre corps face à un virus. On développe des anticorps et une mémoire : si nous recroisons le virus, on peut se défendre tant qu'on en garde le souvenir.

Les chercheurs ne sont pas sûrs que ce Sars-Cov2 fonctionne ainsi. Une étude préliminaire (en anglais) faite par le Medical College de Pékin sur des singes montre déjà qu’il leur faut un certain temps avant de développer des anticorps neutralisants : jusqu’à un mois. Les chercheurs concluent tout de même qu’il y a une très faible possibilité de réinfection pour les primates dans les deux à trois mois qui suivent la maladie. Mais ils ne sont pas sûrs que cette immunité dure plus longtemps. C'est souvent le cas pour les coronavirus bénins qui circulent habituellement l'hiver mais ils ne provoquent pas autant de formes sévères et de décès que ce nouveau virus. De plus, les essais pour neutraliser les anciens Sars et Mers n'ont pas abouti à une solution satisfaisante.

Réinfection ou réactivation du virus ? 

En tous cas, en Chine, en Corée du Sud, au Japon, les cas se multiplient. Des personnes guéries du Covid-19 retombent malades une semaine ou deux semaines après leur sortie de l’hôpital où, pourtant, leur test était négatif. La Corée du Sud a fait l’expérience avec 116 patients. Bien sûr, les chercheurs se demandent s’il n’y a pas eu une erreur dans les tests mais les scientifiques explorent aussi d'autres hypothèses : comprendre, chez les patients, qui développe des anticorps neutralisants, qui n’en développe pas ou pas assez et qui peut être effectivement réinfecté ?

Une étude préliminaire coordonnée par le docteur Wu Fan de l'université de Shangaï sur 175 patients avec de faibles symptômes montre que 10 d'entre eux n'avaient pas du tout développé d'anticorps neutralisants. Mais d'autres scientifiques penchent plutôt pour une rechute. Le virus n'avait pas totalement terminé son travail et s'est réactivé.

Mais la question est aussi de savoir s'il reste ensuite à vie avec le patient, un peu comme cela se passe par exemple avec des maladies comme l’herpès. Ces incertitudes pèsent aussi sur la fiabilité des tests sérologiques et des passeports d’immunité qui sont envisagés après le 11 mai. Difficile donc de parler de retour à la normale.

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