Le billet sciences. La méthode des essais randomisés en double aveugle
Le débat sur la chloroquine est vif depuis les annonces du Pr Didier Raoult. De nombreux médecins lui reprochent de ne pas s’être soumis aux règles d’évaluation des médicaments avec essais randomisés en double aveugle. De son côté, il défend "la méthode de Tom".
Parmi les principaux reproches faits au Pr Didier Raoult, qui estime que la chloroquine peut sauver des patients du coronavirus Covid-19, il y a le fait qu'il ne soit pas passer par des essais randomisés en double aveugle. Une méthode d'évaluation de traitement qui consiste à former un groupe de patients, tiré au sort, pour recevoir le traitement dont on veut tester l’efficacité alors qu’un autre groupe de patients, toujours tiré au sort, lui reçoit un traitement que l’on appelle placébo.
Essais en double aveugle
Ces essais sont également réalisé en double aveugle parce que le patient ne sait pas s’il reçoit le vrai traitement ou son placébo et le médecin non plus: tous deux ne voient rien. Cette méthode statistique avec un tirage au sort a été mise au point pour éviter les biais d’analyses subjectifs. Les patients ne voudraient tester que le traitement et pas le placébo. Un médecin est plus attentif à un patient qui tente le traitement plutôt qu’à celui qui reçoit le placebo. Mais surtout cette méthode prend du temps : pour constituer le protocole, les groupes de patients, suivre leur traitement. Elle a été imposée aux entreprises pharmaceutiques lorsqu’elles demandent une autorisation de mise sur le marché pour leur médicament afin aussi d’éviter qu’elles n’influencent trop financièrement les chercheurs.
La méthode de "Tom"
Dans une tribune dans le Monde, Didier Raoult fustige lui les méthodologistes et défend sa stratégie face au Covid-19 en estimant qu'il y a urgence à traiter la maladie. Il rappelle qu'il y a des groupes placebo historiques pour faire sa comparaison avec son groupe de patients traités. Mais beaucoup de chercheurs, dont les essais en double aveugle, sont le socle de travail, doutent encore que la chloroquine puisse être administrée dès que les premiers symptômes du Covid-19. Didier Raoult lui défend l’héritage des biologistes comme Pasteur ou Claude Bernard qui regardaient plus la mécanique du corps face à la maladie que les statistiques. Il défend ce qu’il appelle la "méthode de Tom". Un médecin dont le fils s’appelle Tom doit traiter les patients face à une maladie sans traitement connu, selon la "méthode de Tom"; c’est-à-dire comme si c’était son propre enfant. Un biais ultra subjectif, pour le coup, dans une médecine qui cherche à s’en défaire depuis 50 ans.
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