Le billet sciences. Les vacances sont finies pour la nature, l’homme est de retour
Pendant le confinement la nature avait repris ses droits : eaux claires et plages propres. Or, en ce week-end du début de l’été, beaucoup de vacanciers vont fréquenter les lieux touristiques avec, à la clé, la pollution.
Chaque minute, 15 tonnes de déchets plastiques sont déversées dans les océans, soit huit millions de tonnes chaque année. Un chiffre en augmentation, à cause du coronavirus Covid-19, et, entre autres, des masques à usage unique.
Un constat alarmant
Il se vend en France, c’est un record, surtout en vacances, presque 200 bouteilles d’eau par seconde, qui malgré le tri sélectif ou l’inscription sur la bouteille, ne seront recyclés qu’à 60%. On peut mieux faire ! Ces bouteilles ont de grandes chances de se retrouver dans l’océan, avec un impact lourd sur la biodiversité marine.
Plus de 600 espèces ont été retrouvées avec, dans leurs organismes, la présence de macro ou de micro-déchets plastiques. Ces espèces vont confondre le plastique avec leur propre nourriture, et il va donc devenir leur prédateur.
Antidia Citores, porte-parole de l'ONG Surfrider Foundation Europe
Le site de l’ONG Surfrider Foundation Europe.
Le plastique peut représenter, à certains endroits du globe jusqu’à 95 % des déchets marins
Cette omniprésence du plastique dans les océans est due à une production industrielle qui ne cesse d’augmenter. En 1950, la production mondiale était de 1,5 million de tonnes contre 359 millions de tonnes en 2018, soit l'équivalent de 11,38 t par seconde.
Les bouteilles que chacun d’entre nous emporte dans son sac en vacances, ne représentent que 10% du total de la production mondiale de plastique qui, en 50 ans, est passée de 2 à 400 millions de tonnes, et la plupart se retrouvent, via les rivières et le littoral, dans les océans.
Aujourd’hui ces matières plastiques qui se décomposent deviennent de toutes petites particules de plastique sur lesquelles se développe le phytoplancton, ces herbes planctoniques qui sont la base de la vie. Il est mangé par le zooplancton qui est mangé par la crevette, par le poisson, donc, ça rentre dans la chaîne alimentaire. Aujourd’hui, l’océan est menacé par notre irrespect.
Jean-Louis Étienne, explorateur
Protéger : plus qu’une nécessité
Pourtant protéger l’océan c’est aussi assurer notre avenir, car en plus d’être la principale source de protéines pour trois milliards de personnes dans le monde, l’océan est un régulateur. Il absorbe 90% de nos excédents de chaleur et près du tiers de nos émissions de C02.
Mais l’océan est aussi victime du changement climatique. Le dernier rapport du groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) montre que les eaux marines sont déjà plus chaudes, plus acides et moins oxygénées. Mais ce n’est pas trop tard ! Bien sûr, entre les gestes vertueux et les amendes, notamment sur les masques jetés par terre, ou la taxation des suremballages, il y a de la marge.
Étiqueter les produits avec la valeur de l’incidence sur le climat et la pollution fait partie des propositions de la convention citoyenne pour le climat. Enfin, il faut encourager les ONG comme le bateau Tara ou Plastic Odyssey ou encore Ocean Clean Up, qui traquent et traitent les pollutions avant qu’elles n’atteignent l’océan. Ce sont quelques leviers qui permettraient d’inverser cette tendance. Les vacances sont l’occasion d’apprécier la nature et de la respecter, que ce soit sur les plages ou sur les sentiers de randonnés, c’est la responsabilité de chacun.
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