Le billet sciences. Masques de protection : des normes complexes et un port obligatoire dans les transports
Ce lundi 11 mai 2020, le déconfinement commence. Les masques grand public devront être utilisés notamment dans les transports.
Ce lundi 11 mai, premier jour du déconfinement, il faudra porter un masque dans les transports en commun, et si possible partout où vous le pourrez. Un retour au confinement n'est pas envisageable, et les gestes barrières, tout comme le port du masque de protection, aideront à un déconfinement satisfaisant pour tous.
Des normes complexes
Tout d’abord, un virus n’est pas une bactérie. Pour se reproduire, il doit entrer dans nos cellules et utiliser la machinerie cellulaire pour se multiplier et se diffuser par la suite dans l’organisme. Bien qu’il ne mesure que 0,1 micron, c’est-à-dire un millième de l’épaisseur d’un cheveu, le Covid-19 fait partie des plus gros virus de sa catégorie.
Ce qui explique peut-être que, contrairement à la variole qui sévit actuellement en Afrique, il est moins présent dans l’air. Il se diffuse principalement par les postillons, d’où l’utilité des masques grand public.
C’est un masque qui a pour objectif principal de protéger l’environnement de l’utilisateur, notamment contre la projection de gouttelettes émises par le porteur du virus, mais il a également pour vocation de protéger la zone bouche et nez contre tout contact avec les mains.
Rim Chaouy, responsable du pôle sécurité et travail, AFNOR Normalisation
Il s’agit là des masques grand public, dits "barrières", à ne pas confondre avec les masques chirurgicaux qui protègent un peu mieux, et les plus performants, qui sont ceux qui filtrent l’air extérieur, les FFP (pièce faciale filtrante).
Un masque barrière n’est pas un masque FFP2, ni un masque chirurgical. Pour ce masque barrière, on va vérifier deux choses principales, c’est l’efficacité de la filtration du matériau pour des particules, et on va également vérifier la perméabilité à l’air.
Rim Chaouy
Normes : peut mieux faire
Entre l’AFNOR, l’IFTH et même, la DGA, la direction générale de l’armement, on se perd un peu dans toutes ces normes en vigueur. L’AFNOR donne un mode d'emploi, l’institut français du textile et de l’habillement fait des tests, et enfin la DGA qui dépend de la défense, homologue.
C’est un héritage de la guerre 14 et des premiers masques à gaz. Ils ont la compétence face aux attaques chimiques et possèdent des laboratoires ad hoc. Mais tout cela prend des semaines, alors que nous sommes dans l’urgence. Véronique Auger, directrice générale d’une entreprise française de textile à Madagascar, a 400 000 masques grand public coincés en douane.
J’ai exporté des masques la semaine dernière, aujourd’hui ces masques sont coincés sous douane, aucun masque de tissu ne peut rentrer sur le territoire, s’il n’a pas donné lieu à un test de filtration, et cela prend un temps incompatible avec l’urgence.
Véronique Auger, directrice générale d'une entreprise à Madagascar
C’est d’autant plus incompréhensible que dans le même temps, le département de Mayotte, proche de Madagascar, attend désespérément des masques en urgence. "Si on comprend une telle exigence par rapport à des masques chirurgicaux, ajoute Véronique Auger, on comprend un peu moins bien l’exigence pour des masques grand public, surtout à un moment où il y a de la pénurie".
Il est vrai que les cafouillages antérieurs à la crise, comme la fermeture d’usines de fabrication de masques en France, ou encore la destruction des stocks partiellement utilisables, ont amplifié le phénomène de carence.
En attendant, rien que pour les transports en commun, il nous faut disposer pour le mois de mai d’environ 100 millions de masques ; et plusieurs milliards en perspective, à l’échelle européenne, pour les semaines qui viennent.
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