Le décryptage éco. Airbus renonce à verser des dividendes à ses actionnaires
Peut-on verser des dividendes aux actionnaires alors que la crise du coronvarius met l'économie à terre ? Certaines entreprises comme Airbus ont tranché. Les actionnaires renoncent au total à 1,5 milliard d'euros. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Express").
Pas de dividendes versés aux actionnaires cette année : c’est la décision prise par Airbus, lundi 23 mars. Le groupe veut garder de l’argent. L’avionneur européen a été contraint de fermer certaines de ses usines à cause du coronavirus et du coup, pour préserver sa trésorerie, il a demandé à ses actionnaires de renoncer à leurs dividendes. Cela représente 1,5 milliard d'euros qui vont donc rester dans le groupe, et permettre de mieux passer la vague.
Airbus n’est pas la seule entreprise à avoir fait ce choix. En Allemagne, la compagnie aérienne Lufthansa a elle aussi décidé de ne pas rémunérer ses actionnaires. Pareil en Espagne, pour le groupe propriétaire de Zara, qui a suspendu tout versement : il faut dire que plus de la moitié des magasins Zara dans le monde sont fermés à cause de l’épidémie. La question se pose dans de nombreux groupes : peut-on continuer à distribuer de l’argent aux actionnaires, comme c’était prévu, alors que l’économie est à terre ?
Un appel à la raison
Cela semble compliqué pour les actionnaires de faire comme si de rien n’était. Surtout que l’année dernière avait été une année record pour les dividendes : en France, les entreprises du CAC40 avaient versé presque 50 milliards d'euros à leurs actionnaires, soit 15% de plus qu'en 2018. Ne pas faire un effort, cette année, risquerait d’être mal perçu. Que diront les salariés de ces entreprises ? Beaucoup vont voir leurs rémunérations baisser parce qu’ils sont en chômage partiel, n’auront pas leurs primes, les heures sup. Et quid des citoyens ? Déjà qu’en temps normal, les dividendes sont source de débat, alors là, imaginez les polémiques ! En tout cas Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, encourage les dirigeants et conseils d’administration à faire preuve de modération. Pas forcément à renoncer mais bien à être raisonnable.
Les employeurs sont éncouragés à verser des primes à ceux qui travaillent en ce moment. Quelques enseignes de la grande distribution ont déjà promis 1 000 euros de prime pour les employés qui travaillent et prennent des risques dans cette période.
Pour encourager d’autres entreprises à le faire, le gouvernement va revenir à la prime Macron, mise en place au moment des "gilets jaunes". Normalement, cette année, pour bénéficier de ce dispositif, il faut absolument signer un accord d’entreprise avec les syndicats. Ce qui est contraignant, disent les employeurs, notamment des petites entreprises. Là, le gouvernement fait marche arrière : il va proposer de revenir à la version simplifiée, c’est-à-dire une prime sans impôt ni cotisations, et surtout sans accord d’entreprise.
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