Cet article date de plus de quatre ans.

Le décryptage éco. Vers une TVA à 5,5% pour aider les restaurateurs, durement touchés par la crise ?

Un collectif de restaurateurs demande à l’État une baisse de la TVA à 5,5% Selon eux, c’est capital pour les aider à passer la crise. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Express").

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une salle de restaurant vide à Mulhouse (Haut-Rhin). Photo d'illustration. (MAXPPP)

Ils sont plus de 80 restaurateurs et grands chefs à se mobiliser et selon eux, Il y a urgence. Ils estiment qu’avec la crise, un quart de leurs cafés, bars, hôtels, restaurants, pourraient ne pas survivre. D’où cette demande de baisser la TVA à 5,5% contre 10% actuellement. Cette diminution serait temporaire, quelques mois tout au plus, le temps de leur redonner de l’oxygène alors qu’ils n’ont aucune visibilité sur les dates de réouvertures.

Cela leur permettrait aussi d'amortir les nouveaux coûts pour réorganiser les services et assurer la sécurité des clients et des salariés. Parmi eux, on trouve par exemple, Olivier Bertrand, président du groupe Bertrand, le numéro deux de la restauration en France qui compte un millier d’établissements en France, dont Burger King, Hippopotamus, ou encore les célèbres brasseries parisiennes Lipp. Il y a aussi de grands chefs étoilés, comme Christophe Bacquié ou Eric Frechon, mais aussi des patrons inconnus. Tous font bloc pour sauver le secteur.

Le gouvernement reste frileux

Pour le moment, pas de réponse du gouvernement. Le secrétaire d’État en charge du tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne ne s’est pas montré très chaud, mardi 12 mai. Il dit préférer prolonger les aides en place, comme le chômage partiel, les exonérations de charges, les prêts garantis par l’État, plutôt que de se lancer dans un nouveau taux de TVA.

Le gouvernement a en mémoire la diminution opérée dans la restauration après la crise de 2008. Nicolas Sarkozy avait alors baissé de 14 points la TVA. Elle était à 19,6% à l’époque et il l’avait descendue à 5,5% pour aider le secteur à encaisser la crise. À l’époque, les restaurateurs s’étaient engagés à des contreparties comme la création de 40 000 emplois en deux ans, ou la baisse des prix pour les clients mais, en fait, la Cour des comptes avait montré que le contrat n’avait pas été rempli et le bilan mitigé. D’où cette frilosité, sûrement, du gouvernement aujourd’hui.

La TVA reste la plus importante rentrée d’argent pour les finances publiques. Certes, en ce moment, côté restauration, l’État ne gagne presque rien, puisqu’il n’y a quasiment pas d’activité. Mais si le gouvernement baissait le taux du secteur à 5,5%, il se priverait de plus d’un milliard et demi d’euros pour une activité normale. Ce n’est pas énorme au regard des montants de l’ensemble des aides pour soutenir le secteur. En réalité, le risque, c’est surtout d’ouvrir la boîte de Pandore. D’autres secteurs impactés par la crise pourraient alors demander ce genre de geste. Et une TVA abaissée, c’est toujours difficile à remonter.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.