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"Le manque d'affection, c'est terrible" : séparés par le Covid-19, des couples binationaux attendent leur laissez-passer

Des couples binationaux manifestent dimanche devant le ministère des Affaires étrangères. Non mariés et non pacsés, ils réclament le droit de se rejoindre. Mais en pleine crise sanitaire, il faut pour cela obtenir un laissez-passer officiel pour lequel de nombreux couples sont dans l'attente depuis plusieurs mois.

Article rédigé par franceinfo - Lou Bourdy, édité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un couple se retrouve à l'aéroport de Tababela, en Équateur, le 16 juin 2020. Photo d'illustration. (JOSE JACOME / EFE)

Claude vit à Paris et n'a pas vu son partenaire depuis plus de sept mois : lui vit à Los Angeles. C'est la deuxième fois en deux mois qu'ils envoient un dossier prouvant leur relation, avec "des réservations de spectacles, des réservations d'hôtels quand on est allé à New York, et puis des photos", explique l'homme de 57 ans. Au total, 50 pages de preuves pour espérer obtenir ce fameux laissez-passer en pleine pandémie de Covid-19. Mais des semaines plus tard, toujours aucune réponse du ministère des Affaires Étrangères. Claude perd espoir. "On a beaucoup parlé des seniors dans les Ehpad qui dépérissaient, parce qu'ils ne voyaient pas leur famille et leurs petits-enfants, mais on n'est pas tous des seniors", déplore-t-il. Claude a du mal à contenir ses larmes. "Le manque d'affection, c'est terrible pour tout le monde. Après plusieurs mois c'est assez difficile", confie-t-il la gorge nouée.

Se retrouver dans un pays tiers

Claude prévient : si un laissez-passer n'est pas délivré prochainement, il retrouvera son partenaire dans un pays tiers, dont les frontières sont ouvertes. Une solution déjà choisie par plusieurs couples binationaux, lassés d'attendre une réponse. Vicky vient tout juste d'atterrir à Cancún, au Mexique, pour y retrouver son conjoint. En couple avec un Américain, elle n'est ni mariée, ni pacsée, alors Vicky craignait que son dossier soit refusé. Le couple a donc décidé de se retrouver au Mexique, où les frontières sont ouvertes. "Devoir se retrouver dans un autre pays, faire 14 jours de quatorzaine, c'est sûr qu'on n'est pas aidés par le gouvernement", déplore-t-elle.

On est un peu les laissés-pour-compte parce qu'on est une minorité.

Vicky, en couple avec un Américain

à franceinfo

Mais si Claude et Vicky peuvent prétendre au laissez-passer, ce n'est pas donné à tous les couples binationaux. Le gouvernement australien par exemple n'autorise ni entrée ni sortie de son territoire. Christelle vit à Nice, son fiancé lui est à Sydney. Impossible pour eux de déposer une demande. Une situation injuste pour la jeune femme de 24 ans. "Je ne les jalouse pas, je ne les envie pas, mais quelle chance ils ont et j'espère qu'ils vont bientôt se retrouver bien sûr, mais ils ont une chance inouïe parce que nous ne peut même pas prétendre au laissez-passer, c'est ça qui me tue", lâche-t-elle.

Selon le secrétaire d'État au Tourisme Jean-Baptiste Lemoyne, le premier laissez-passer a été accordé le 22 septembre, et plus de 800 dossiers de couples binationaux sont en cours d'instruction. Un premier pas, pour ces couples binationaux, mais tous sont encore très inquiets. Une manifestation à l'appel du collectif Love is not tourism est prévue dimanche 27 septembre à 14 heures devant le ministère des Affaires étrangères.

Privés de pouvoir se retrouver, les couples binationaux perdent espoir - Reportage de Lou Bourdy

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