Malgré le confinement, les stations de ski sont "en plein recrutement" et se tiennent prêtes à ouvrir les pistes en décembre
En attendant l'arrivée de la neige et un éventuel déconfinement pour les fêtes de fin d'année, la ministre du Travail, Elisabeth Borne, invite les stations de ski à embaucher leurs saisonniers.
Les stations de ski seront-elles ouvertes pour les vacances de Noël ? "Il est trop tôt aujourd'hui pour prendre une décision sur ce sujet", répond la ministre du Travail, Elisabeth Borne, interrogée sur Radio J, dimanche 15 novembre 2020. Mais en attendant de savoir s'il sera possible de dévaler les pistes dès la mi-décembre, le gouvernement invite les professionnels du secteur à recruter leurs saisonniers. Un feu vert donné deux jours après avoir rencontré leurs porte-parole, en compagnie du ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire.
La période de Noël et du Nouvel An est en effet primordiale pour l'économie du ski, qui réalise une importante partie de son chiffre d'affaires à cette époque de l'année, rappelle la chambre syndicale Domaines skiables de France, DSF, contactée par franceinfo. Alors que le second confinement est prévu, pour l'heure, jusqu'au 1er décembre, les domaines skiables préparent l'ouverture de leurs pistes comme d'habitude ou presque.
Recrutements et protocole sanitaire
"Nous sommes déjà en plein recrutement", indique Sylvain Philippe, directeur de la station de Métabief (Jura), joint par franceinfo. Il est également le président de la "section" Les montagnes du Jura, qui regroupe douze stations et emploie 500 saisonniers chaque année.
Sur le terrain, les professionnels de la glisse n'ont pas attendu l'invitation de la ministre pour recruter les 120 000 saisonniers nécessaires au bon fonctionnement des stations. "Dans la profession, nous nous devons d'être prêts dès que les conditions météorologiques permettent l’ouverture", précise Sylvain Philippe. En temps normal, la saison de sports d'hiver débute le premier week-end de décembre dans les quelque 300 stations de ski françaises.
Ainsi, hôtes d'accueil et de vente de forfaits, conducteurs de remontées mécaniques, conducteurs de dameuses et pisteurs secouristes sont recrutés dès la mi-novembre. Afin de faciliter ces embauches, la convention collective nationale des remontées mécaniques et domaines skiables prévoit une possible reconduction du contrat de travail dès la fin de la première saison. "Ce qui nous permet de fidéliser les personnes qui le souhaitent et d'avoir des savoir-faire qui restent dans nos stations", souligne Sylvain Philippe, qui a envoyé des promesses d'embauche "dès le 15 octobre".
Dans l'attente d'un engagement du gouvernement
Covid-19 oblige, la question de la sécurité sanitaire a dû être anticipée par les professionnels. Car une fermeture de station en raison d'une contamination massive pourrait être "catastrophique pour tous les commerces qui vivent du tourisme hivernal", relève Alexandre Maulin, président de DSF. En février 2019, le village des Contamines-Montjoie (Haute-Savoie) avait été l'un des premiers foyers du Covid-19 en France. Confinement pour les malades, fermeture des deux écoles et dépistage massif avaient permis de stopper la contamination.
Les 250 stations regroupées au sein de DSF assurent avoir réfléchi à un protocole pour qu’il n’y ait aucune faille sanitaire, ni pour les clients ni pour les salariés.
"Tous les acteurs du territoire travaillent ensemble pour que, le jour où nous avons le feu vert sanitaire pour ouvrir, nous soyons capables d'éviter un cluster en testant, traçant et isolant."
Alexandre Maulinà franceinfo
Si la saison a l'air de bien s'annoncer sur le plan climatique –"nous avons un vrai automne avec des gelées, cela augure de bonnes conditions pour cet hiver" anticipe Alexandre Maulin– une prolongation du confinement pourrait remettre en cause l'ouverture des pistes et priver de revenus l'ensemble des saisonniers. Dans ce cas, le cabinet de la ministre Elisabeth Borne, contacté par franceinfo, assure que le dispositif garantissant la prise en charge du chômage partiel par l'Etat serait appliqué.
"Nous sommes en train de nous organiser pour que ces saisonniers puissent être recrutés normalement et bénéficier, si nécessaire, d’activité partielle si l’activité des stations de ski n’était pas au rendez-vous."
Elisabeth Borneà Radio J
Cette annonce constitue "une solution supplémentaire en cas de difficultés", analyse le maire de Morzine (Haute-Savoie), Fabien Trombert, contacté par franceinfo. Dans cette commune (qui comprend la station d'Avoriaz), le recrutement de la trentaine de saisonniers est déjà terminé. La mairie a même anticipé une éventuelle baisse d'activité en "imaginant un plan de redéploiement [de l'activité des saisonniers] sur des fonctions secondaires (...). Sur le plan de l’emploi, le risque est donc minime", rassure Fabien Trombert.
Mais pour le Jurassien Sylvain Philippe, même si cette annonce du gouvernement est "un signal fort", la vigilance reste de mise. "L’activité partielle n’est pour l'instant garantie que jusqu’au 31 décembre et la saison dure jusqu'au 31 mai."
"Si nous avons une fermeture administrative en début d'année et que l'activité partielle n’est prise en charge qu’à 50 ou 60% par l'Etat, nous allons être dans une situation extrêmement tendue."
Sylvain Philippeà franceinfo
Pour le président de la section Les montagnes du Jura, le gouvernement doit donc apporter une réponse sur la prolongation ou non du confinement avant la fin du mois de novembre. "En montagne, la rudesse des éléments fait que nous ne tournons pas autour du pot, nous ne sommes pas trop habitués au 'peut-être'", explique Sylvain Philippe. Or en matière de gestion du Covid-19, le "peut-être" est devenu la norme.
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