Masque obligatoire partout : "Ça rassure les municipalités mais ça n'aura pas un grand poids sur le développement" du coronavirus, affirme un médecin
On se contamine essentiellement en intérieur, rappelle le Dr Jérôme Marty, président de l'Union française pour une médecine libre, qui attend des "tests montés comme des sondages" pour savoir dans quelles conditions le virus circule" et quelles sont les "populations cibles".
Alors que le port du masque est obligatoire à Marseille, la deuxième ville de France, depuis mercredi soir 23 heures, le médecin généraliste Jérôme Marty, président de l'Union française pour une médecine libre, estime jeudi 27 août sur franceinfo que rendre le masque obligatoire "rassure les responsables des municipalités mais ça n'aura pas un grand poids sur le développement" du coronavirus, car les contaminations se font principalement lors de regroupements familiaux ou de fêtes en intérieur.
>> Le gouvernement fait le point sur la situation épidémique du coronavirus. Direct à suivre ici.
franceinfo : Personne n'est officiellement mort du Covid-19 mercredi, mais plus de 5 000 personnes ont été contaminées. Quel chiffre faut-il retenir ?
Jérôme Marty : Il faut retenir les deux. Il faut se réjouir du fait qu'il n'y ait aucun mort et il faut s'inquiéter du fait que cette courbe des contaminés continue à monter et que le nombre de cas positifs soit plus important ou augmente plus vite que le nombre de tests, ce qui montre que la maladie, malheureusement, s'étend. L'explication est assez simple : on a appris de cette maladie et on se protège. Notamment, les patients les plus fragiles que sont les personnes âgées se protègent, portent des masques, font attention à respecter les gestes barrières. Et puis, les lieux qui sont les plus à risque sont également protégés, comme les transports en commun et les entreprises.
Où se font les contaminations au Covid-19 ?
Dans les entreprises, on le sait, dans 26% des cas, soit moins d'un tiers des cas. C'était à l'époque beaucoup les hôpitaux et les cliniques malheureusement, parce qu'on n'avait pas eu les moyens de protéger véritablement les soignants qui ont été eux-mêmes vecteurs de la maladie vis-à-vis des patients, ce n'est plus le cas. C'étaient les transports en commun et ce n'est plus le cas. Aujourd'hui, ce sont les regroupements familiaux. Chaque fois qu'il y a des fêtes à l'intérieur des murs. Mais on se pose toujours des questions parce qu'on n'a toujours pas allumé la lumière, on n'a toujours pas fait de tests montés comme des sondages qui pourraient nous permettre de savoir dans quelles conditions le virus circule et quelles sont véritablement les populations cibles, ce qui nous permettra d'agir beaucoup plus en prévention. On pourrait comparer tel quartier par rapport à tel quartier, telle région par rapport à telle région. Et on pourrait agir de façon beaucoup plus claire. Il faut vraiment qu'on avance dans ce sens.
Dans ces conditions, faut-il rendre le masque obligatoire dans la rue dans toutes les villes, comme à Marseille ?
Ça pose problème. On n'a pas d'exemple, dans le monde, de contamination de masse qui parte de l'extérieur. Tout part de l'intérieur. Alors évidemment, on peut se contaminer à l'extérieur dans des conditions particulières, un contact proche et rapproché, quand on ne peut pas respecter la distanciation physique par exemple, ou en se touchant, en se postillonnant dessus.
Il n'y a pas de contamination de masse où une personne peut en contaminer 15, 20, 30. Ça, ça se passe à l'intérieur.
Dr Jérôme Martyà franceinfo
Donc on voit bien que ces mesures prises sont plus du domaine de la politique que du domaine sanitaire. Ça rassure les personnes qui sont responsables des municipalités de le faire, mais ça n'aura pas un grand poids sur le développement de la maladie.
Fermer un restaurant à 23 heures, est-ce que ça a du sens ?
Pourquoi est-il plus dangereux à 23 heures, qu'à 21 heures ou à 20 heures ? Dans un bar, on peut supposer que ce que craint celui qui prend cette responsabilité-là, c'est l'alcoolémie et donc le fait que les gens respectent moins les mesures barrières. Mais dans un restaurant, on peut se poser véritablement la question. Moi, je crois qu'il faut bien expliquer, qu'il faut aérer et qu'il faut porter le masque quand on est à l'intérieur. Cent fois l'expliquer et puis surveiller. Mais si l'on repart sur des fermetures, on repart sur des incidents économiques. On repart aussi sur de la fragilité économique et on n'en a pas besoin aujourd'hui avec ce que l'on va connaître en septembre.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.