"On a essayé de jouer le jeu, on a espacé les commerçants, mais voilà" : sur le marché de Barbès, le manque de discipline face au coronavirus fait craindre la fermeture
Malgré les mesures de confinement, des centaines de personnes se pressent encore sur certains marchés. Et beaucoup ne respectent pas les consignes de distance ni les restrictions de déplacement.
Les marchés "où l'on voit des foules et qui ont beaucoup d'étals" seront "amenés à fermer”. Ce sont les mots du ministre de la Santé Olivier Véran mercredi 18 mars. En effet, malgré les mesures de confinement pour lutter contre l'épidémie de coronavirus, des centaines de personnes se pressent encore sur certains marchés, sans respecter la distance d’un mètre et rendant le travail des policiers très compliqué.
Dans le quartier de Barbès, à Paris, des dizaines de policiers étaient déployés ce matin tout autour de ce marché parisien très populaire. Ils contrôlent les attestations et empêchent l’accès à ceux qui ne sont pas du quartier, comme à ce visiteur qui habite à Fontenay-aux-Roses, dans les Hauts-de-Seine. Loin de son lieu de confinement et sans attestation ni justificatif, il va être verbalisé.
Il y a certes beaucoup moins de monde qu’habituellement dans les travées. Mais même là, on ne respecte pas forcément les distances de sécurité. Et on s’énerve parfois. "Un mètre, un mètre !" lance un homme à une femme qui ne respecte la distance. "J’ai pas peur de mourir !", lui rétorque-t-elle.
Pour Yacine, il n’y a pas le choix, il faut tout simplement fermer le marché de Barbès le temps du confinement. "C’est vrai qu’il y a une grosse promiscuité et ce sont des endroits qui attirent beaucoup de personnes âgées", souligne cet habitué qui fait les marchés depuis tout petit avec son père. "Surtout que personne n’a de masque dans la population, les vendeurs non plus qui sont exposés. On touche tous des dizaines de produits, marchants et clients, c’est vrai que ça peut être un peu dangereux", poursuit Yacine qui ne serait pas contre la fermeture du marché "si la situation dégénère", dit-il.
Derrière son étal de boucher, Hassan désespère. Peu de clients et "on ne sait même pas si on va pouvoir travailler samedi", s'inquiète-t-il. Pourtant, il fait tout pour respecter et faire respecter les consignes. "On a essayé de jouer le jeu, on a espacé les commerçants. On a essayé de tout faire pour que ça se passe bien mais voilà. Si ça dure comme ça, dans ces conditions on ne peut pas travailler sur des marchés comme ça, est forcé de reconnaître le boucher. Ça ne durera pas, les commerçants ont plus à perdre qu’à gagner en fait. On n’a même pas fait 30% du chiffre d’affaires. Sur ces marchés là, ça ne sert à rien, il faut les fermer."
Un point de vue que ne partage pas du tout Thierry, qui est en train de brader ses fromages. "Est-ce qu’en grande surface, il y a plus d’hygiène que sur les marchés, ou est-ce que c’est moins dangereux qu’au marché ? Je ne pense pas", dit-il. Selon lui, "c’est juste la discipline des gens qui n’est pas bonne, mais on est mieux au marché qu’en magasin ou à faire la queue devant". Il est presque 13 heures, les commerçants commencent à remballer. Sans savoir s’ils pourront rouvrir leurs stands ce samedi.
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