Coronavirus : "On ne se sent pas beaucoup soutenus de la part de l'Etat", raconte Martin, un Français bloqué en Argentine
Arrivé le 27 février pour des vacances, ce jeune Parisien s'est retrouvé bloqué en Argentine, alors que le pays a décidé le confinement de sa population. Il vit seul depuis bientôt un mois dans une petite maison à Yerba Bueno.
"Jamais je n'imaginais ne pas pouvoir revenir et me retrouver en confinement total à 15 000 kilomètres de Paris", reconnaît Martin Berthelot. Ce jeune Parisien de 28 ans est bloqué depuis le 21 mars en Argentine, sans solution pour revenir en France et dans un confinement total. Une situation difficile à la fois moralement et financièrement.
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Parti pour vivre des vacances de rêves, il vit depuis bientôt un mois un cauchemar, seul, dans une petite maison, au wifi aléatoire, à Yerba Bueno, dans la province de Tucumán. "En gros, je suis à presque 2 000 bornes de Buenos Aires", poursuit celui arrivé le 27 février pour rejoindre son meilleur ami, marié à une Argentine et qui vit dans la région.
Le 18 mars, son vol retour est annulé et l'Argentine décide d'un confinement de sa population pour endiguer l'épidémie de coronavirus. Le Français est vite pointé du doigt, en raison de sa nationalité : "Je suis allé dans un hôtel où j'ai été dénoncé par la clientèle parce que je ne parle pas espagnol et que je parle français, et on m'a viré de l'hôtel."
On se sent vraiment comme des pestiférés. C'est marrant, cinq minutes, mais pas plus.
Martin Berthelotà franceinfo
Martin réussit tout de même à louer une petite maison et s'y enferme avec le plein de vivres. Il cherche à joindre l'ambassade de France à Buenos Aires, des "tentatives par téléphone, sans aucune réponse, puis par mails. Il y a eu énormément de mails avant d'avoir une réponse." Une réponse "vide puisqu'ils me disent en gros, qu'ils ne savent pas, que pour le moment, il n'y a pas d'autres vols de rapatriement prévus d'Argentine à Paris et qu'ils ne savent pas s'il y en aura d'autres, et si oui quand." Car il y a bien eu un vol proposé par l'ambassade, mais aucun vol intérieur. "Et je n'ai aucun moyen de m'y rendre, parce que je suis à 2 000 kilomètres de Buenos-Aires."
Un loyer à payer à Paris, l'autre en Argentine
Il y aussi l'aspect financier. Le jeune homme paie aujourd'hui deux loyers, l'un à Paris, l'autre ici. "On ne se sent pas beaucoup soutenus de la part de l'Etat." Dans son malheur, Martin peut au moins continuer à travailler. Le jeune attaché de presse a embarqué son ordinateur professionnel. "Cela fonctionne très bien quand le Wi-Fi veut bien. Moi, je travaille dans un milieu où il y a beaucoup de téléphones et de mail. Je travaille tous les jours." Ses journées se ressemblent un peu, évoquent même le quotidien de Bill Murray, dans Un jour sans fin.
Heureusement, il reste à Martin les appels via les messageries électroniques avec ses proches : "Je n'ai jamais autant appelé ma famille que ces derniers jours, au moins, on est sûr qu'ils répondent." Il peut aussi compter sur la musique pour chasser la solitude. Avec, par exemple, Walking to Hawaï de TomMcRae, qui évoque des couchers de soleil sur les vagues, histoire de s'évader un peu de son confinement argentin en solitaire.
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