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"On nous a menacés de nous tuer à la kalachnikov" : l'église de la Porte ouverte chrétienne stigmatisée depuis l'épidémie de coronavirus

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Article rédigé par Matthieu Mondoloni
Radio France

De nombreux fidèles de l'église de la Porte ouverte chrétienne ont été contaminés par Covid-19 après le rassemblement évangélique organisé à Mulhouse en février dernier, et 31 d'entre eux en sont morts. Depuis, la Porte ouverte chrétienne est stigmatisée, accusée par certains d’avoir propagé inconsciemment ce virus à travers le pays.

L’église de la Porte ouverte chrétienne, qui avait organisé mi février une grande manifestation religieuse, lors de laquelle un millier au moins de fidèles ont été contaminés par le coronavirus Covid-19, est toujours stigmatisée, accusée par certains d’avoir propagé inconsciemment ce virus à travers le pays.

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Certains de ses membres ont reçu des menaces de mort. C'est le cas de Nathalie et Sténio Chong Kee, qui habitent dans le Haut-Rhin et qui acceptent pour la première fois de témoigner au micro de franceinfo. Le couple sort une pochette plastique. A l’intérieur, la lettre anonyme qu'ils ont reçue il y a 15 jours. "Je passe devant ta maison tous les jours. Mon père est gravement malade avec Corona, après votre réunion de merde religieuse à Mulhouse. Prenez-le au sérieux, idiot. Sinon la maison brûlera", est-il écrit. 

"Je l'ai ressenti presque comme une agression physique, comme si j'avais eu un coup de couteau dans le dos, raconte Nathalie. "On n'est vraiment pas responsables de ce qui se passe, poursuit-elle. Nous, tout ce qu'on demande, c'est que les choses se calment vraiment. On a perdu des amis très proches, c'est une souffrance supplémentaire et je trouve que c'est vraiment injuste."

Cette lettre anonyme de menaces a été envoyée à un couple de fidèles de l'église de la Porte ouverte chrétienne, accusée par certains d'avoir propager inconsciemment le coronavirus en France. (MATTHIEU MONDOLONI / RADIO FRANCE)

Le couple ne comprend pas cette haine dirigée contre les membres de leur église, ou les reproches qui leur ont été faits, notamment par certains responsables politiques, qui les accusent d’avoir été négligents. "A l'époque il n'y avait aucune recommandation contre ce virus. Au contraire, tout le monde se disait 'c'est la Chine, c'est loin'", se défend Sténio. 

Comme personne ne sait vraiment d'où vient ce virus, ça crée un stress, ça crée des angoisses, et donc quelque part on est une proie extrêmement facile, parce qu'il faut trouver un coupable.

Nathalie Chong Kee

à franceinfo

Sténio et Nathalie ne sont pas les seuls à avoir été menacés depuis le début de l’épidémie, explique Samuel Peterschmitt, le pasteur de la Porte ouverte chrétienne. "On nous a menacés de nous tuer à la kalachnikov, raconte-t-il. S'il devait arriver quelque chose, il faudrait alors chercher des responsabilités."

Une ré-ouverture attendue avec appréhension

Malgré ces menaces, le pasteur souhaite rouvrir le plus rapidement possible son église après le déconfinement. "Le retour se fera certainement avec une certaine appréhension. Mais il est évident que quand les cultes ré-ouvriront, nous y retournerons parce que nous ne voulons pas agir comme si nous étions des coupables", dit-il.

Samuel Peterschmitt, pasteur de la Porte ouverte chrétienne. (MATTHIEU MONDOLONI / RADIO FRANCE)

Le pasteur attend désormais l’autorisation de la préfecture pour communier à nouveau avec ses fidèles. Des fidèles marqués par cette pandémie, 31 d’entre eux sont morts du coronavirus.

Le reportage, dans le Haut-Rhin, de Matthieu Mondoloni, avec Ollivia Branger aux moyens techniques.

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