"On pense que ça va arriver plus tard" : à Mende, difficile de rester confiné face à un ennemi invisible
Avec ses 13 000 habitants, la préfecture de la Lozère est pour l'instant quasiment épargnée par le coronavirus. Moins d'une vingtaine de patients sont hospitalisés du Covid-19, et il n'y a pas encore eu de mort du virus dans le département. Une situation qui n'aide pas à suivre à la lettre le confinement, qui vient d'être prolongé jusqu'au 11 mai.
Emmanuel Macron a annoncé lundi 13 avril une prolongation du confinement jusqu’au 11 mai. Cette mesure, en vigueur depuis le 17 mars, est différemment vécue à travers le pays. Le département de la Lozère, qui compte 80 000 habitants, est actuellement le moins touché de France : il y a moins d’une vingtaine de patients hospitalisés atteints de Covid-19, qui n'a pour l'instant pas fait de mort dans le département.
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Dans le centre de Mende, chef-lieu du département, la plupart des commerces sont évidemment fermés. La maison de la presse-tabac reste ouverte et fait presque figure de refuge, où l'on est sûr de croiser du monde, peut-être même un peu trop. "Oui, sachant qu'il y a peu de cas, les gens se disent qu'il n'y a pas de risques. Nous on a des clients qui viennent pour pas grand-chose", constate Elsa, l'une des associées.
Thierry ressort justement du tabac. Lui a déjà presque craqué : "On tiendra encore 15 jours mais après on abandonne, tant pis pour les 135 euros." Pourtant, l’immense majorité des 13 000 habitants de Mende est très respectueuse du confinement. "Ils ont peur malgré tout", constate le maire, Laurent Suau. "Ici, dans les territoires ruraux, il y a le respect de la règle. À partir du moment où l'État, ou le maire, ou l'autorité donne une consigne, on est sûrement plus respectueux."
Certains diront qu'il est plus facile de rester confiné lorsque l’on possède un jardin, lorsque la campagne est toute proche, lorsque les logements sont en général plus vastes que dans les grandes villes. Mais la Lozère a aussi ses festivités annulées, ses personnes fragiles isolées et vit aussi sous le menace d’une vague de malades. "On pense qu'on est pas plus protégé qu'ailleurs, on pense que ça va arriver plus tard", estime Mathilde Minet, médecin. C'est elle qui a coordonné le centre Covid de Mende pour décharger les urgences de l’hôpital, si besoin. Accueillant moins de deux personnes par jour, il a été mis en sommeil la semaine dernière.
Mais la médecin reste en alerte, d’autant que le confinement fait souffrir. "En ce moment on voit plus de patients qui sont stressés, angoissés à domicile, qui ont des pathologies du fait de l'inactivité. On voit des phlébites, il y a des prises de poids." Dans ce département à la moyenne d’âge plutôt élevée, la perspective d’un confinement prolongé pour les plus anciens fait peur. "On pense que ça va être très compliqué à gérer." Et encore plus une fois les écoles rouvertes, quand on connaît la place des grands-parents dans de nombreuses familles.
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