"Je pense que ça peut s'aggraver" : en Martinique aussi, la colère s'intensifie contre l'État
Les barrages routiers se sont multipliés hier sur l'île, occasionnant de nombreuses perturbations. Dans le quartier Sainte-Thérèse à Fort-de-France, de violents affrontements ont lieu la nuit entre les forces de l'ordre et quelques bandes de jeunes armés. Une escalade qui fait craindre le pire aux habitants.
Les tirs, les jets de pierre, les incendies : cette habitante du quartier Saint-Thérèse, à Fort-de-France (Martinique) les a entendus depuis sa petite maison. "Avant-hier soir, c'était le feu, hier soir, c'était les lacrymogènes. Ça m'empêche de dormir", souffle cette dame. La Guadeloupe n'est pas la seule île des DOM-TOM à être secouée par des violences urbaines. La Martinique connaît la même situation, en protestation contre le pass sanitaire et l'obligation vaccinale des soignants contre le Covid-19. Au-delà de ces revendications, les protestataires expriment aussi une défiance latente vis-à-vis de l'État et une détresse sociale.
À côté d'une carcasse de voiture calcinée, Mylène jette un regard désabusé sur les dégâts après une nouvelle nuit d'échauffourées. "Depuis minuit jusqu'à 5h30 du matin, on était debout", confie-t-elle. Elle nous emmène dans une petite ruelle, théâtre du face à face entre la police et les émeutiers. "J'ai eu ma voiture pétée avec tout ce qu'ils tiraient", déplore Mylène.
"On a vu des jeunes armés. La lacrymogène gêne énormément, donc on fait descendre les volets et on reste à l'intérieur avec des serviettes mouillées."
Mylène, habitante de Fort-de-Franceà franceinfo
Un peu plus loin, c'est une station-service qui a été pillée. "Ils ont pris des cigarettes de l'alcool, ils ont foutu un bordel là-dedans", raconte l'un de ses employés. Un autre habitant rétorque : "J'ai même entendu des jeunes qui disaient 'as-tu des pierres, de la peinture ?' Lorsqu'on entend ça, on n'est pas tout à fait rassurés."
Cet habitant qui se refuse pourtant à condamner ces jeunes dont les motivations dépassent largement le refus du vaccin. "Je comprends parce qu'en fait il y a plein de problèmes qu'on n'a jamais résolu. Je pense que ça peut s'aggraver." C'est bien la crainte des autorités : que ce mouvement lancé par les syndicats leur échappe totalement.
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