Pass sanitaire : le Conseil national des centres commerciaux menace de déposer "des recours" contre une mesure "inacceptable et inapplicable"
"En période de vacances, en quinze jours, il est impossible de recruter autant d'agents de sécurité qui doivent être des gens qualifiés pour pratiquer ces contrôles", affirme Gontran Thüring, délégué général du Conseil national des centres commerciaux.
Gontran Thüring, délégué général du Conseil national des centres commerciaux, menace dimanche 18 juillet sur franceinfo de déposer "des recours" si le pass sanitaire est imposé aux centres commerciaux de plus de 20 000 m2 : "On ne comprend pas cette mesure qui discrimine et stigmatise une fois de plus les centres commerciaux", dit-il. Le gouvernement prévoit d'étendre le pass sanitaire dans des lieux accueillant du public comme les restaurants, les cafés et les centres commerciaux notamment. "Les modalités d’application seront précisées dans les prochains jours", a indiqué Bruno Le Maire dimanche 18 juillet. "C'est une mesure à la fois inacceptable et inapplicable", a réagi Gontran Thüring.
franceinfo : Pourquoi refusez-vous le pass sanitaire pour accéder aux grands centres commerciaux ?
Gontran Thüring : Nous sommes favorables au pass sanitaire et à la vaccination. D'ailleurs, de nombreux centres commerciaux ont accueilli des centres de test et de vaccination. En revanche, nous ne comprenons toujours pas pourquoi ce pass sanitaire serait exigé uniquement à l'entrée des centres commerciaux, en particulier des grands centres commerciaux. C'est une mesure qu'on considère à la fois comme étant inacceptable et inapplicable. Elle est discriminante par rapport aux autres formes de commerces, notamment aux commerces de rue. Et puis, discriminante entre les petits et les grands centres commerciaux, ce qui est assez contradictoire puisque finalement les grands centres commerciaux sont ceux qui sont les mieux équipés, à la fois humainement et techniquement, pour assurer le protocole sanitaire. On ne comprend pas cette mesure qui discrimine et qui stigmatise une fois de plus les centres commerciaux.
Est-ce que le seuil de 20 000 m2 est tranché par le gouvernement ?
On a eu un entretien avec Bruno Le Maire vendredi 16 juillet. Il nous a effectivement dit que des arbitrages allaient s'opérer ce week-end. Il semblerait, d'après l'article du JDD ce dimanche, qu'effectivement, le seuil de 20 000 m2 soit fixé. C'est une mesure inacceptable et surtout inapplicable. On ne peut pas recruter 5 000 agents de sécurité en 15 jours. Ce n'est pratiquement pas possible. Et puis, par ailleurs, il y a un coût financier qui est important, car on estime que le coût supplémentaire est de 30 000 euros par mois et par entrée dans un centre commercial. Pour un centre commercial qui aura une dizaine d'entrées, cela représente un coût supplémentaire de 300 000 euros. Quand Bruno Le Maire parle d'un contrôle qui se ferait en quelques secondes, on a fait des tests in situ pour voir effectivement le temps que ça prendrait. Il faut a minima 30 secondes pour que la personne sorte son téléphone et présente son QR code pour qu'on vérifie. On va créer des queues interminables devant les centres commerciaux, ce qui provoquerait d'ailleurs un problème sanitaire parce que les gens risquent de s'agglomérer et un problème de sécurité parce que certaines personnes pourraient devenir violentes si on leur refuse d'entrer dans un centre commercial. Comment contrôler les clients alors ? On comprend qu'il puisse y avoir des contrôles, mais dans ce cas-là, on souhaiterait, comme pour les attestations de déplacement à l'époque, que des contrôles soient aléatoires, qu'ils soient effectués par les forces de police puisque c'est le gouvernement qui prend cette décision. C'est peut être une bonne décision, mais qu'il aille jusqu'au bout de sa responsabilité, qu'il pratique effectivement à travers les forces de police les contrôles nécessaires.
Le gouvernement prévoit aussi une sanction de 45 000 euros à chaque infraction constatée dans les lieux qui accueillent du public, si les contrôles ne sont pas effectués. Vous vous opposez à ces sanctions ?
On attend le projet de loi. Si effectivement, il doit y avoir une sanction de 45 000 euros à chaque infraction constatée, cela risque de poser de gros problèmes puisque cela vient en plus du coût du recrutement de ces agents de sécurité. En plus, en période de vacances, en quinze jours, il est impossible de recruter autant d'agents de sécurité qui doivent être des gens qualifiés pour pratiquer ces contrôles.
Et si le projet de loi est appliqué tel quel, que ferez-vous ?
Malheureusement, on ne pourra pas l'appliquer. On envisage éventuellement des recours contre cette décision qui ne nous paraît pas juste.
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