Pass sanitaire : "On fera comme on peut, on n'est pas flics", les restaurateurs se préparent aux contrôles
Les restaurateurs espèrent une tolérance des forces de l'ordre si le Conseil constitutionnel venait à valider l'extension du pass sanitaire jeudi 5 août.
Le Conseil constitutionnel doit jeudi 5 août valider ou censurer tout ou partie de la loi étendant le pass sanitaire notamment aux bars, restaurants et cafés. Les restaurateurs se préparent donc à contrôler, non sans difficultés.
Dans leur bistrot corse du quartier du Châtelet, à Paris, Gérald et son collègue ne voient pas comment ils auront le temps de contrôler le pass, ils sont déjà débordés. Le serveur espère au moins que le Conseil constitutionnel s'opposera au dispositif pour les terrasses des restaurants. Gérald craint de perdre des clients, qui n'auront pas la patience d'attendre quelques instants devant l'entrée des établissements, le temps que d'autres clients devant eux se voient contrôler leur pass sanitaire : "Si vous faites attendre dehors moins d'une minute quelqu'un, il n'achètera pas chez moi." Néanmoins, si le Conseil constitutionnel valide la mesure, il s'y pliera.
"Si c'est ça ou fermer l'établissement, bien entendu que vous allez contrôler."
Gérald, restaurateur à Parisà franceinfo
Mais Gérald prévient : il ne contrôlera pas systématiquement chaque client. Il compte sur une certaine tolérance des forces de l'ordre, si elles venaient à vérifier le respect des règles dans son restaurant. Gérald se rappelle "d'une parole d'un ancien restaurateur qui disait : 'dès que tu commences à être protocolaire, c'est simple, tu n'es plus aubergiste'. On fera comme on peut, mais on n'est pas flics." Certains clients l'ont déjà prévenu, ils ne viendront plus quand le pass sanitaire sera en place.
Pour éviter le pass, la vente à emporter
Dans le quartier, de nombreux restaurateurs ne savent pas comment se préparer. Certains se disent anti-pass, mais d'autres sont plus confiants, à l'image de Catherine Peyssonnel, qui "veut croire que si ces mesures sont prises, c'est qu'elles correspondent à une réalité. Par conséquent, on s'adaptera. Je ne vois aucun problème, juste une question d'organisation. Petit à petit, les gens apprendront, comme toutes les expériences nouvelles."
Elle espère que petit à petit, les gens apprendront, comme toute nouvelle expérience. Mais des restaurateurs ont décidé d'éviter le pass sanitaire, en revenant à la vente à emporter, comme monsieur Bakar, qui gère un restaurant turc. Il s'attend à perdre la moitié de sa clientèle : "Si on perd trop, on ne fera que à emporter", anticipe-t-il.
"On sait très bien que le pass sanitaire dans nos restaurants dès le 9 ou 10 août va entraîner systématiquement une baisse de l'ordre de 15 à 30% de fréquentation."
Franck Delvauà franceinfo
Franck Delvau, le co-président de l'Umih (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie) en Île-de-France, garde l'espoir que le Conseil constitutionnel revienne sur certaines mesures : "Ce qu'on espère essentiellement, c'est que le pass sanitaire ne soit pas applicable en terrasses. Aujourd'hui, on est d'accord, il faut vacciner si on veut rester ouverts, on peut gérer le pass sanitaire à l'intérieur de nos salles de restaurants, mais sûrement pas en terrasse. Ce serait ingérable." Pour tenir, une seule solution selon ce professionnel, que l'État prolonge les aides apportées au secteur au-delà de l'été.
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