Pénurie de médicaments : "On a 50 fois plus de ruptures en 12 ans", affirme Alain Astier, membre de l’Académie nationale de pharmacie
Celui qui a dirigé pendant 40 ans le département de pharmacie de l'hôpital Henri-Mondor à Créteil affirme que la logique de réduction des coûts pousse l'industrie pharmaceutique à abandonner les médicaments "peu rentables".
L’UFC-Que choisir alerte, lundi 9 novembre, sur la question de la pénurie de médicaments en France et plus largement en Europe mise en lumière par l'épidémie de Covid-19. "Bien sûr, cela s'est extrêmement aggravé", a réagi sur franceinfo Alain Astier, membre de l’Académie nationale de pharmacie. Il a dirigé pendant près de 40 ans le département de pharmacie du groupe hospitalier Henri-Mondor à Créteil. "En 2008, on avait quelque chose comme 40 ruptures annuelles et là on en est à plus de 2 000. On a 50 fois plus de ruptures en 12 ans, c'est extravagant."
Rapatrier les chaînes de production
Les ruptures de médicaments sont le résultat, estime Alain Astier, de "la financiarisation de l'industrie pharmaceutique qui fonctionne comme n'importe quelle industrie en maximisant les profits et en minimisant les coûts. La minimisation des coûts induits l'externalisation dans les pays à bas coût, l'abandon des produits peu rentables. C'est toute une logique industrielle et financière."
Pour lutter contre ces pénuries, il faut selon le membre de l’Académie nationale de pharmacie, rapatrier "les différentes chaînes de production, envisager de trouver un système à but non lucratif comme aux États-Unis."
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