Réouverture de toutes les écoles le 22 juin : "Une promesse présidentielle faite sans prudence et qui nous met en difficulté" selon le SNUipp-FSU
Le syndicat SNUipp-FSU estime que la réouverture des écoles le lundi 22 juin met les enseignants en difficulté.
"C'est une promesse présidentielle qui a été faite sans prudence, sans prendre en compte la réalité des écoles. Et, de fait, qui nous met en difficulté, nous, les enseignants, dans les écoles", dénonce, mercredi 17 juin sur franceinfo, Francette Popineau, co-secrétaire générale et porte-parole du SNUipp-FSU. Toutes les écoles rouvrent dès ce lundi 22 juin, dans le cadre du déconfinement.
"On sait que les classes de CM1, CM2 sont particulièrement chargées. Donc, il sera difficile d'accueillir tous les enfants" et ce sera "beaucoup plus compliqué pour l'école élémentaire que pour l'école maternelle", explique Francette Popineau.
franceinfo : Est-ce qu'on peut imaginer que tous les élèves soient de retour à l'école lundi 22 juin ?
Francette Popineau : Non, nous ne pouvons pas accueillir tous les élèves. Il y a une question de surface. Il y a une question de mobilier. Quand on a des tables doubles, par exemple, on peut ne mettre qu'un seul enfant, malgré tout, la table double occupe un certain espace. Il y a aussi, évidemment, les effectifs de classe qui sont plus ou moins importants. On sait que les classes de CM1, CM2 sont particulièrement chargées. Donc, il sera difficile d'accueillir tous les enfants. C'est une promesse présidentielle qui a été faite sans prudence, sans prendre en compte la réalité des écoles. Et, de fait, qui nous met en difficulté, nous, les enseignants, dans les écoles. Effectivement, les parents attendent légitimement qu'on prenne leurs enfants pour repartir au travail, mais ça sera compliqué. En tout cas, beaucoup plus compliqué pour l'école élémentaire que pour l'école maternelle.
On assiste depuis quelques jours à une improvisation générale
Francette Popineau, co-secrétaire générale et porte-parole du SNUipp-FSUsur franceinfo
On a le sentiment que tout le monde veut un retour à l'école, le gouvernement, les enseignants, les directeurs d'école, les parents et qu'à un moment donné, on essaye de faire entrer un carré dans un rond ?
C'est tout à fait ça, c'est-à-dire que tout le monde veut, mais finalement, rien n'est préparé. On assiste quand même depuis quelques jours à une improvisation générale. On voit bien qu'au ministère, il faut deux jours et demi pour faire un protocole alors qu'on aurait pu anticiper tout cela. Et ce sont les enseignants qui vont devoir mettre ça en œuvre. Alors on demande aussi pour eux qu'ils aient au moins une journée pour organiser tout cela. Il faut ramener le matériel. Il y a une nouvelle organisation à trouver. Puis on a des questions, notamment en maternelle, avec cette idée de garder le groupe-classe comme un mini-cluster, il faut aussi que ça soit tenu sur le périscolaire, sur le temps de garderie. Parce que si les enfants se mélangent à un autre moment, ce protocole n'aura plus tellement de sens non plus. Donc, effectivement, on oscille entre le plaisir de retrouver nos élèves, même si ce n'est pas tous les jours, et la difficulté qu'on va avoir avec les familles qui vont avoir une demande légitime, puisque le président a fait une promesse, mais on aura des difficultés, au quotidien, à répondre à cette promesse.
Vous êtes donc partagée ?
On est très partagés dans tout ça. Et puis on ne parle toujours pas de la rentrée. On n'a pas les scénarios dessinés, on n'a pas de directives, on ne sait pas sur quoi se pencher, et la crainte des enseignants, c'est de partir en vacances sans savoir exactement comment ils peuvent déjà imaginer leur rentrée. Et parce qu'on sait très bien qu'une rentrée, ça se prépare pour nous pendant les vacances. Donc, il faut qu'on ait quand même des directives. Voilà il y a beaucoup d'inquiétudes dans les écoles aujourd'hui et surtout beaucoup d'épuisement, de devoir finalement, en dernier lieu, faire ce que dit le président de la République sans avoir discuté avec ceux qui font la classe.
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