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Reprise de la Bundesliga : "On a eu un sevrage forcé pendant huit semaines, donc les fans de foot vont très certainement s'y intéresser", estime un économiste du sport

Le championnat allemand de football reprend samedi après deux mois d'interruption. "Une belle occasion pour la Bundesliga d'être bien valorisée", selon Christophe Lepetit, responsable des études économiques au centre de droit et d’économie du sport de Limoges.

Article rédigé par franceinfo
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Lors du match aller en 8e de finale d'Europa League entre Eintracht Francfort et le  FC Bâle dans la Commerzbank Arena à Francfort en Allemagne (photo d'illustration).  (ARNE DEDERT / MAXPPP)

La Bundesliga, le championnat de football allemand, reprend samedi 16 et dimanche 17 mai avec la 26e journée, après deux mois d'interruption à cause de l'épidémie de coronavirus. Sa diffusion devrait drainer un public plus vaste, d'après Christophe Lepetit. "Le football agit sur les fans comme une sorte de drogue. On a eu un sevrage forcé pendant huit semaines, donc les fans de football vont très certainement s'intéresser à la Bundesliga", explique samedi 16 mai sur franceinfo le responsable des études économiques au centre de droit et d’économie du sport de Limoges.

franceinfo : Cette reprise de la Bundesliga est-elle un soulagement pour les diffuseurs ?

Christophe Lepetit : C'est sûr qu'au-delà des fans de football en général, et de la Bundesliga en particulier, cette reprise du sport en direct est un soulagement pour les autres acteurs économiques intéressés par ce sport. En premier lieu, les diffuseurs. On a vu que beIN Sports avait prévu en France un dispositif assez exceptionnel pour pouvoir suivre cette journée. Les équipes de Florent Houzeau, le directeur de la rédaction, sont particulièrement mobilisées. Pour eux, c'est certainement un soulagement, même s'ils doivent prendre un certain nombre de précautions sanitaires pour pouvoir assurer la sécurité de leurs équipes qui vont suivre et retransmettre les différentes rencontres.

C'est certain que cette diffusion du championnat allemand drainera un public plus vaste.

Christophe Lepetit, économiste du sport

à franceinfo

Je pense que le football, agit sur les fans de foot, comme une sorte de drogue. On a eu un sevrage forcé pendant huit semaines, donc les fans de football vont très certainement s'intéresser à ce championnat, quand bien même ils n'en avaient pas l'habitude avant. Donc pour ceux qui ont accès aux chaînes qui diffusent la Bundesliga, comme beIN Sports en France, l'audience risque très certainement d'être un peu supérieure à ce qu'elle est habituellement, parce que pour l'instant, c'est le seul des très grands championnats européens de football à avoir repris.

Mais cet intérêt pour le football allemand peut-il durer ?

Disons que c'est une belle occasion pour la Bundesliga d'être bien valorisée, parce qu'elle va être toute seule pendant quelques jours, voire quelques semaines, si tant est qu'on puisse vraiment diffuser les rencontres.

Il y aura une fenêtre de tir un peu exceptionnelle où le football allemand va être mis en valeur sur son territoire mais également à l'international.

Christophe Lepetit, économiste du sport

à franceinfo

Et on sait que le développement à l'international est une stratégie très forte de la Bundesliga allemande. Donc, certains "fans de foot sevrés" vont s'intéresser à la Bundesliga. Mais, la question qui va subsister derrière, c'est : est-ce que cet intérêt durera et s'inscrira dans la durée ? Parce qu'on est toujours intéressé par son équipe ou par son championnat, plutôt que par championnat étranger.

Est-ce que ça suffira à combler les pertes financières ?

C'est très compliqué de le savoir. Il se trouve que le championnat d'Allemagne est diffusée par une chaîne payante qui se rémunère essentiellement par les abonnements. Il faudra donc attendre peut-être plusieurs semaines pour voir les effets de l'absence de sport en live sur l'évolution du nombre d'abonnés de beIN Sports. Mais très franchement, il est fort probable qu'il y ait eu des désabonnements pendant cette période. Il faudra reconquérir des abonnés. Ça prendra très certainement un petit peu de temps, d'autant plus qu'on ne sait pas encore dans combien de temps les autres championnats reprendront et surtout, dans quelles conditions se dérouleront les matchs.

C'est vrai que même pour un téléspectateur, voir un match qui se déroule sans spectateur dans le stade, ce n'est pas tout à fait la même chose que de voir un match qui se déroule dans des conditions normales.

Christophe Lepetit, économiste du sport

à franceinfo

Et c'est compliqué parce que le football professionnel se rémunère essentiellement sur les droits télés. Les clubs et les ligues ont donc intérêt à diffuser et à pouvoir disputer les rencontres. C'est en les disputant qu'ils pourront toucher les recettes des droits télé. Sur cette période restreinte, en tout cas souhaitons-le, économiquement ça peut avoir du sens de jouer à huis clos, parce que vous ne remettez pas en cause les droits TV qui s'élèvent à 1,4 milliard d'euros en Allemagne et qui s'élèveront l'année prochaine à 1,2 milliard en France.

Cette période d'arrêt des matchs fait-elle perdre de la valeur également aux joueurs ?

Oui, très certainement. Il y a des études sorties par des cabinets spécialisés qui laissent à penser que la valeur économique des transferts pourraient diminuer cet été. Des joueurs qui auraient pu être transférés pour 80 ou 90 millions d'euros, ne le seront peut-être que pour 60 millions d'euros. D'autres perdront plus de valeur encore. Cela peut donc être un vrai problème, notamment pour les championnats qui dépendent justement économiquement de ces recettes de transferts. Ce qui est le cas du football français, qui réalise chaque année entre 800 et 900 millions de plus-values sur les opérations de transferts. C'est un vrai sujet qu'il va falloir suivre de façon vraiment très précise et forte pour le football français.

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