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Reprise des championnats de football : isolé faute d'alliance, l'entêté Jean-Michel Aulas peine à faire entendre sa voix

Le président de l'Olympique lyonnais milite depuis des semaines contre l'arrêt de la Ligue 1, décidé en raison de l'épidémie de coronavirus. Avec pour cible le gouvernement et la Ligue de football professionnel, coupables à ses yeux d’entraîner le football français dans l’abîme.

Article rédigé par franceinfo - Cédric Guillou
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Jean-Michel Aulas, le 13 février 2020, à Decines-Charpieu, près de Lyon. (JEFF PACHOUD / AFP)

Jean-Michel Aulas, le président de l’Olympique lyonnais, n’économise pas ses efforts, depuis des semaines. Et se démultiplie pour tenter de faire reprendre le championnat de France de football ainsi que la D1 féminine, à l'heure du déconfinement, quand bien même les Lyonnaises ont été sacrées championnes. Ses cibles : le gouvernement et la Ligue de football professionnel, coupables à ses yeux "d'amener le football français vers une catastrophe économique", comme il l'a répété mercredi 27 mai sur franceinfo.

Le "Lider maximo" agace ses homologues

Le problème, c’est que l’homme, dans ce combat, paraît bien isolé. Car son entêtement et son omniprésence médiatique durent depuis des années et agacent bon nombre de ses collègues présidents. Lesquels profitent de cette période de crise pour régler leurs comptes avec lui. Ainsi, on a entendu Jacques-Henri Eyraud,  président de l’Olympique de Marseille qualifier dans le JDD son homologue marseillais "Lider maximo", en référence à Fidel Castro, "prêt à bondir sur un virus dévastateur pour occulter la saison difficile de son club". Avec l'épidémie de Covid-19, le classement de la Ligue 1 a été arrêté à la 28e journée sur la base du ratio du nombre de points par matchs disputés. Verdict : Lyon termine 7e, loin des places qualificatives pour les compétitions européennes.

On serait tous d’accord pour que Jean-Michel Aulas devienne le Premier ministre de la France, cela apporterait beaucoup de choses positives au football français.

Bernard Caïazzo, co-président de Saint-Etienne et président du syndicat Première ligue

à franceinfo

Sans être aussi ironique, un autre président nous a confié être agacé que Jean-Michel Aulas "parle tout le temps au nom du football français" alors qu’il représente "d’abord son club, l’Olympique lyonnais". Aujourd’hui, les seuls qui soutiennent Jean-Michel Aulas sont ceux qui ont un intérêt sportif immédiat à ce que la saison reprenne : le club de Lille (4e), privé de Ligue des champions, et puis Amiens (19e) et Toulouse (20e) qui se retrouvent relégués en Ligue 2.

Une majorité de présidents ne croit plus en sa sincérité

Mais ce qui se passe ailleurs dans les autres grands championnats européens semble lui donner raison. Ainsi, la Bundesliga a repris en Allemagne, le gouvernement espagnol a donné son feu vert pour la reprise de la Liga, et l’Italie et l’Angleterre pourraient suivre la même trajectoire. La France du football se retrouve donc à contre-courant de ses pays voisins. Mais Jean-Michel Aulas n’est pas quelqu’un qui fédère, qui unit. Et dans un pays comme la France, qui a une approche culturelle différente de l’Espagne ou de l’Italie en ce qui concerne le football, il aurait fallu une personne forte qui unisse pour exhorter le gouvernement à faire machine arrière, et non une personnalité qui divise. En Espagne, le président de la Ligue, Javier Tebas, a réussi à fédérer en prenant le dossier à bras le corps, le défendant en interlocuteur crédible pour le gouvernement espagnol.

En France, Jean-Michel Aulas n’a pas réussi à construire des alliances et une majorité de présidents ne croit plus en sa sincérité. Son tort serait peut-être de ne pas avoir délégué ses idées à une personne qui bénéficie d’une meilleure cote que lui au sein du football français. Et puis, ses partisans ne sont pas nombreux : l’arrêt du championnat fait les affaires de nombreux clubs, tels que ceux qui sont qualifiés en Ligue des champions comme Marseille (2e) et Rennes (3e), ceux qui étaient mal en point mais qui sont sauvés comme Saint-Etienne (17e), ou encore ceux qui vont monter en Ligue 1, comme Lorient et Lens.

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