Revendication libertaire légitime ou pur égoïsme ? Les Marseillais divisés au sujet du carnaval organisé malgré le Covid-19
Quatre suspects sont jugés en comparution immédiate mardi après-midi. Ils ont été arrêtés après la manifestation, au cours d'échauffourées avec les forces de l'ordre. Les habitants, eux, s'interrogent sur la portée politique de cette manifestation non autorisée et sur ses conséquences sanitaires.
À Marseille, quatre personnes doivent être déférées mardi 23 mars, dans l'après-midi, en comparution immédiate dans le cadre de l'enquête sur le carnaval non autorisé de dimanche. Ces quatre suspects ont été interpellés au cours des incidents qui ont opposé les forces de l’ordre et des casseurs à l’issue du défilé. Une manifestation qui, en dépit des restrictions sanitaires contre le Covid-19, a réuni plus de 6 000 personnes, la plupart sans masque.
Le carnaval, un support médiatique idéal
Les personnes qui vont comparaître ne seront pas jugées pour avoir simplement participé au défilé, ce sont de présumés casseurs, arrêtés après la dispersion du cortège. Si les dégâts se limitent à quelques poubelles incendiées et du matériel urbain tagué, il y a également eu des jets de bouteilles, de boulons et de pétards lors d’échauffourées avec les forces de l’ordre. Et la volonté manifeste de certains groupes organisés d’en découdre.
Sur les quatre prévenus, trois ne sont pas domiciliés à Marseille, ce qui conforte la thèse des enquêteurs qui évoquent une action préparée par la mouvance libertaire. Ces militants seraient venus à Marseille faire le buzz contre le port du masque. Le carnaval annuel du printemps de la Plaine était un support médiatique idéal. Quant à la majorité des personnes agglutinées dimanche sur la Cannebière, il s'agit de simples badauds qui se promenaient dans ce secteur piéton très prisé pour les promenades du week- end. Ils ont été attirés par la musique, les déguisements et le char du carnaval. Ceux qui ne portaient ouvertement pas de masque ont été sanctionnés sur place par les contraventions habituelles.
Un conflit de générations
Depuis 48h, cette manifestation a soulevé un tollé, un déluge de réactions de la sphère politique et même médicale. Les habitants de la cité phocéenne sont eux aussi sous le choc et partagés. Il suffit de se rendre dans le quartier de la Plaine, d’où est parti le carnaval et où se sont déroulées les échauffourées avec les forces de l’ordre, pour saisir le clivage net entre les générations. Les jeunes impliqués dans l’organisation du défilé revendiquent ouvertement cette action : "À un moment donné on a besoin de vivre ! C'était la fête, le rendez-vous annuel que pour rien au monde on ne veut rater", défend Julien, 25 ans.
"C'est une revendication, entre autres, contre les dirigeants. Ça veut peut-être dire que la revendication est plus forte que le risque sanitaire, il faut peut-être retenir ça".
Simone, 22 ansà France Bleu Provence
Franck et Martine, la cinquantaine, se sont retrouvés eux aussi dans le défilé qu’ils ont quitté très vite : "Je suis descendu sur le Vieux Port et quand j'ai vu comment ça se passait j'ai trouvé ça vraiment inadmissible, raconte Frank. On va nous dire dans quinze jours, trois semaines qu'on va confiner la ville de Marseille... C'est le citoyen qui respecte tout qui va encore en subir les conséquences, on ne va jamais en finir." Martine a réfléchi à une sanction spécifique pour les participants : "Au lieu de leur donner des amendes, je leur ferais faire un travail d'intérêt public dans les hôpitaux, pour voir ce que ça fait."
Au-delà de l’aspect judiciaire, à Marseille, l'accent est mis sur la prévention. Les médecins et élus demandent à tous les fêtards d’aller se faire tester la semaine prochaine. Ce carnaval pourrait se révéler avoir été un cluster géant.
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