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"Rouvrir dans un mois ça me paraît compliqué" : en Corse, hôteliers et restaurateurs inquiets sur les conditions de reprise de leur activité

Alors que la date de réouverture n'est pas encore connue pour les bars, les restaurants et les hôtels, en Corse, devant la lourdeur des dispositions de sécurité à prendre pour éviter les contamintations au Covid-19, certains professionnels sont prêts à rester fermés encore plus longtemps. 

Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un bar fermé pendant le confinement à Bastia (Haute-Corse), le 23 avril 2020. (NOEMIE BONNIN / RADIO FRANCE)

Emmanuel Macron rencontre par visioconférence les professionnels de la restauration et de l’hôtellerie vendredi 24 avril pour évoquer les pistes de réouverture après le confinement. Aucune date précise n’est évoquée pour l’instant, mais au-delà du calendrier, les professionnels s’inquiètent des mesures à mettre en œuvre, sur le plan sanitaire. Illustration en Corse, un territoire qui repose plus que d’autres sur ce secteur. Certains préféreraient même ne pas ouvrir tout de suite, vu la lourdeur de ces dispositions.

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Frédéric Ruiz, restaurateur à Biguglia, au sud de Bastia, a bien du mal à imaginer son restaurant, avec de nouvelles règles de distanciation. "Qu'est-ce qu'on va faire ? Au comptoir, je peux mettre trois tabourets, donc on va mettre un seul tabouret ?" Plus de place entre les clients, mais surtout de nombreuses règles sanitaires, inconciliable avec la convivialité qui lui est chère. Il ne pense pas rouvrir son établissement avant longtemps. "Clairement, pour moi dire, rouvrir dans un mois ça me paraît compliqué. Quand un serveur amène une assiette ou touche la fourchette d'un client pour ensuite retourner au passe-plat, il faudrait qu'il se désinfecte les mains." Un protocole qui serait "très lourd à mettre en place" selon le restaurateur. 

Une réorganisation complexe également dans les hôtels lors du déconfinement. Par exemple, les petits déjeuners : fini les buffets en salles. L’idéal, en termes sanitaires, ce serait de les livrer en chambres. Karina Goffi, la présidente de l’Union des métiers et des industries de l'hôtellerie de Haute-Corse, gère un hôtel à Folleli dans le nord-est de l'île. "Je vais prendre l'exemple de chez moi, où je suis sur 6 hectares, avec des petits pavillons. Comment je peux faire pour faire du room service, avec peut-être 105 pavillons qui vont me demander le room à 9h du matin ? Il va falloir doubler ou tripler les équipes."

Des coûts supplémentaires pour les professionnels

Dans l'hôtel de Karina Goffi, qui donne sur la plage, se pose aussi la question des saisonniers. "Moi aujourd'hui je suis entre 48 et 51 salariés en temps normal, ils sont logés par deux. On va me demander de les loger par un, comment je vais faire ?" Cette hôtelière voit l’avenir avec circonspection, d’autant qu’elle accueille, comme beaucoup de ses confrères, de nombreux groupes et souvent du 3e âge. Des caractéristiques pas vraiment compatibles avec la période. "Venir manger au restaurant avec un masque, ça nous paraît inconcevable."

Un hôtel fermé à Folleli (Haute-Corse), durant le confinement, le 23 avril 2020. (NOEMIE BONNIN / RADIO FRANCE)

Angela d’Oriano qui tient une paillotte à L'Île-Rousse va dans le même sens. Elle prévoit d’installer des plaques de plexiglass à sa caisse, comme dans les supermarchés et d'espacer les transats sur la plage. Mais pour quel coût ? "Les masques, les gants, les visières, des blouses, des colonnes de distribution de gel hydroalcoolique, tout ça représente des frais. Nous aujourd'hui on n'a pas d'argent malheureusement pour investir là-dedans."

C’est pour cette raison que ces professionnels s’en remettent à l’État, et demandent un soutien très fort, avec des crédits d’impôts, des annulations de charges ou encore la création d’une zone franche pour la Corse.

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