Tour de France 2020 : le vainqueur "n'aura pas la même valeur que si ça avait été un Tour normal", estime Jean-François Bernard
Le protocole sanitaire voulant que si deux coureurs sont testés positifs au coronavirus, l'équipe est sortie de la course, "on peut très bien, rapidement, au bout de dix jours, se retrouver avec cinq ou six équipes en moins", craint l'ancien coureur professionnel, consultant cyclisme de franceinfo.
Le vainqueur du Tour de France 2020 "n’aura pas la même valeur que si ça avait été Tour normal", estime l’ancien coureur professionnel Jean-François Bernard, consultant cyclisme à franceinfo, à la veille du départ de la Grande Boucle à Nice. "Il y aura une course, il y aura peut-être des surprises", mais tout sera "différent", souligne-t-il, avec un protocole sanitaire très strict pour les équipes engagées et pour le public qui sera masqué et tenu à l’écart des coureurs.
franceinfo : Avec toutes ces précautions, le Tour de France peut-il tout de même rester une fête populaire ?
Jean-François Bernard : Ça va être compliqué. On sait très bien que le Tour, d'abord, a lieu au mois de juillet, quand les Français sont en vacances. Là, beaucoup ont repris le travail, donc ce n’est pas du tout la même chose, ça sera de toute façon un Tour différent, au niveau de la course, au niveau de l'ambiance, au niveau de tout ce qui se fait autour du Tour d'habitude, qui est une fête.
Un Tour avec sans doute moins de ferveur, moins de communion... Cela peut être un frein pour les coureurs français ?
Le sport cycliste est un sport qui se déroule au milieu des gens. C'est le seul sport où on peut encore toucher les coureurs, on peut les approcher. Là, ça ne sera pas le cas. La course, peut-être, s'en ressentira.
Il est clair que quand on est sur le Tour, quand on est échappé, quand il y a le public, on donne toujours plus.
Jean-François Bernard, ancien coureur professionnelà franceinfo
Maintenant, comment vont réagir les coureurs ? Je ne sais pas, mais ça reste le Tour de France de toute façon, il y aura une course, il y aura peut-être des surprises, certainement même. Mais c'est comme ça, on n'a pas d'autres solutions si on veut que le Tour ait lieu.
La règle, c'est que si une équipe a deux cas de Covid-19 en son sein, elle doit se retirer de la course. Cela veut dire que la victoire finale pourrait se jouer sur un simple test de dépistage ?
Oui, ça peut aller très vite, on peut très bien, rapidement, au bout de dix jours, se retrouver avec cinq ou six équipes en moins. Donc, ça n'aura pas la même valeur. Et pour moi, de toute façon, le vainqueur du Tour de cette année n'aura pas la même valeur que si ça avait était un Tour normal.
Vous qui le vivez depuis plus de 30 ans, avez-vous la même impatience de retrouver le Tour cette année ?
Non, ce n'est pas la même impatience parce que, pour moi, l’été est pratiquement passé. Et ce qui est assez bizarre, depuis la reprise qui date à peu près d'un mois, c'est que toutes les compétitions s'enchaînent les unes après les autres, avec un calendrier complètement chamboulé puisqu'on a retrouvé un Milan-San Remo et un Tour de Lombardie à la suite, ça fait vraiment bizarre. Maintenant, bien sûr qu'il y a toujours la ferveur du Tour pour moi, mais elle ne sera pas la même que s’il s’était déroulé en juillet, comme d'habitude.
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