Covid-19 : le vaccin de Pfizer-BioNTech est-il toujours efficace contre le virus après la détection du variant britannique ?
Un premier cas de contamination au variant britannique du Sars-CoV-2 a été identifié sur le sol français, alors que la campagne de vaccination contre le Covid-19 s'apprête à être lancée. De quoi susciter l'inquiétude quant à l'efficacité de ces premiers vaccins.
Coïncidence malheureuse. A quelques jours de la tant attendue arrivée du premier vaccin contre le Covid-19, prévue en France et en Europe le 27 décembre, un cas de contamination à un nouveau variant du Sars-CoV-2 a été identifié sur le sol français, jeudi 25 décembre. Le VOC 202012/01, de son petit nom, identifié dès mi-septembre au Royaume-Uni est bien présent dans plusieurs pays d'Europe.
Selon les premiers éléments scientifiques connus, le nouveau variant britannique pourrait être plus contagieux que ceux précédemment observés, mais rien ne laisse penser à ce stade qu'il entraîne des formes plus graves de la maladie. Néanmoins, le vaccin sera-t-il efficace contre ce nouveau variant ? C'est la principale question qui se pose.
Une éventuelle réduction de l'efficacité
Une meilleure résistance du variant britannique aux vaccins élaborés contre le Covid-19 serait une catastrophe. Mais cette hypothèse est peu probable, assurent les scientifiques. "Pour le moment, il n'existe aucune preuve suggérant que ce vaccin ne soit pas efficace contre le nouveau variant", a déclaré lundi Emer Cooke, la directrice générale de l'Agence européenne des médicaments (EMA). Les candidats vaccins ont été élaborés de sorte qu'ils soient efficaces sur plusieurs variants alors en circulation du Sars-CoV-2.
"Les vaccins Pfizer et Moderna, qui utilisent l'ARN messager, ont pour effet de faire fabriquer à notre organisme l'ensemble de la protéine Spike", explique la virologue Anne Goffard à France Inter. "On va donc fabriquer des anticorps qui ciblent toute la protéine. Ça veut dire que même s'il y a une mutation à un endroit de la protéine (comme dans le variant britannique), globalement, le vaccin reste efficace", assure la professeure au CHU de Lille.
Le vaccin pourrait toutefois être moins efficace sur ce nouveau variant, s'inquiète Trevor Bedford, spécialiste des maladies infectieuses au Centre de recherche sur le cancer Fred Hutchinson à Seattle auprès de CNN (en anglais) : "Il pourrait réduire l'efficacité du vaccin de 95% à quelque chose comme 80% ou 85%", avant de tempérer : "Ce serait un effet modeste, pas un effet dramatique."
Des adaptations possibles du vaccin
Pour lever les doutes sur ce sujet, les laboratoires Pfizer-BioNTech et Moderna prévoient de mener des tests supplémentaires pour confirmer l'efficacité de leur vaccin sur le variant britannique. Les résultats seront connus sous deux semaines, a assuré mardi 22 décembre Ugur Sahin, le PDG de BioNTech, rapporte le Guardian. Si les résultats ne sont pas concluants, un vaccin efficace pour ce nouveau variant pourrait être proposé par le laboratoire en six semaines, a-t-il précisé. Il s'agira alors pour les laboratoires non pas de mettre au point un nouveau vaccin mais d'adapter celui initialement mis au point, comme cela se fait tous les ans avec les vaccins contre la grippe.
Si la plus grande transmissibilité du nouveau variant est prouvée et que les vaccins autorisés sont bien efficaces, alors il serait raisonnable d'accélérer le calendrier vaccinal, pointe Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches sur franceinfo : "Aujourd'hui, on s'aperçoit qu'une mutation mineure qui n'aura pas d'impact sur le vaccin peut accélérer sa transmission et expliquer pourquoi on n'a pas réussi à obtenir moins de 5 000 contaminations, début décembre. Est-ce qu'on veut que le virus prenne le pas avec un risque des augmentations des hospitalisations et des décès et peut-être un reconfinement ou est-ce qu'on veut accélérer le calendrier vaccinal pour que cet été on puisse espérer venir à bout de ce virus ?"
Eviter le risque de mutation
Un point de vue partagé par les chercheurs de la London School of Hygiene and Tropical Medicine (LSHTM), à l’origine d'une étude sur la transmissibilité élevée du nouveau variant (qui doit encore être analysée et revue par des pairs). Ils préconisent que la campagne de vaccination "s’accélère sensiblement" afin de réduire le bilan sanitaire qui pourrait exploser en 2021 : "le nombre des hospitalisations et des morts dues au Covid-19 atteindra des niveaux plus élevés en 2021 que ceux observés en 2020", si des mesures ne sont pas prises, préviennent-ils.
Par ailleurs, la potentielle haute transmissibilité de ce variant présente un autre risque : celui d'accroître le risque de mutation. "Plus un virus circule, plus il mute", rappelle la virologue Anne Goffard à France Inter. Ce nouveau variant pourrait à son tour évoluer. "Donc plus vite on l'empêchera de circuler, plus on aura de chance d'avoir des tests et des vaccins qui restent efficaces !", rappelle-t-elle.
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