Les effets secondaires de l'AstraZeneca n'avaient "pas été vus dans les essais cliniques", affirme la présidente du comité vaccin Covid-19 France
Les rares cas de thrombose détectés après injection du vaccin AstraZeneca n'avaient pas été détectés dans les essais cliniques, mais "il faut investiguer" pour savoir s'ils sont liés à la vaccination, estime ce mardi sur franceinfo la vaccinologue Marie-Paule Kieny.
Le vaccin AstraZeneca est désormais suspendu dans une douzaine de pays européens dont la France, jusqu'à l'avis de l'Agence européenne du médicament, après plusieurs cas de thrombose. "C'est quelque chose qui est totalement nouveau, qu'on n'avait pas vu dans les essais cliniques" a indiqué sur franceinfo ce mardi Marie-Paule Kieny, vaccinologue, présidente du comité scientifique vaccin Covid-19 France et directrice de recherche à l'Inserm. Mais selon elle, il reste "encore une possibilité tout à fait raisonnable et crédible que ces cas ne soient pas liés à la vaccination".
franceinfo : Est-ce que cette décision est justifiée ?
Marie-Paule Kieny : Au vu de l'inquiétude qui commençait à se développer un peu partout en Europe, la seule solution était effectivement de faire une pause, de regarder et d'étudier un peu mieux ce que sont ces cas de thrombose, pour pouvoir soit conclure qu'effectivement le vaccin est lié à ces cas, soit constater qu'il ne l'est pas, et à ce moment-là reprendre la vaccination. Tous les gouvernements doivent à leur population de donner toute l'attention qu'il faut à ces signaux, qui sont malheureux, évidemment. On commençait juste à utiliser le vaccin en pharmacie et ça fait un coup d'arrêt très net. Mais il n'y avait pas d'autre solution.
D'un point de vue strictement scientifique, auriez-vous pris cette décision ?
Je pense qu'il y a beaucoup de choses qu'on ne comprend pas encore. Il faut savoir qu'il y a eu cinq millions de vaccinations en Europe. Il y a eu 25 millions de vaccinations au Royaume-Uni, donc cinq fois plus. Et pour le moment, on a vu aucun signal de sécurité remonter des États-Unis ou du Royaume-Uni. On se pose la question : pourquoi ? Il peut y avoir beaucoup de raisons qui pourraient expliquer ces cas de thrombose. Ce peut être tout simplement un hasard que cela se soit passé après la vaccination. La thrombose n'est pas rare. Il y a 100 000 cas par an. Mais il pourrait y avoir malgré tout un signal. Donc, il faut effectivement, scientifiquement, investiguer. Et après l'investigation, il faut évidemment prendre des décisions.
Avez-vous constaté d'autres effets secondaires anormaux ?
Non. C'est un vaccin réactogène comme les autres vaccins contre le Covid-19. Il y a beaucoup de gens qui ont eu de la fièvre, qui ont eu mal à la tête et parfois avec une fièvre élevée. Ce n'est pas quelque chose qu'on n'attendait pas, parce qu'on avait vu cela dans les essais cliniques. C'est désagréable, mais c'est sans conséquence. Là [les thromboses], c'est quelque chose qui est totalement nouveau, qu'on n'avait pas vu dans les essais cliniques. Mais il reste encore une possibilité tout à fait raisonnable et crédible que ces cas ne soient pas liés à la vaccination. Il faut investiguer plus loin pour en avoir le cœur net.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.