Cet article date de plus de trois ans.

Covid-19 : pourquoi le vaccin AstraZeneca est-il étendu aux 65-74 ans et qu'est-ce que cela va changer ?

Une étude montre que ce vaccin offre un taux de protection élevé qui permet d'éviter l'hospitalisation, selon les premières données publiées par l'université d'Edimbourg (Ecosse).

Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Un médecin du travail vaccine un salarié avec une dose d'AstraZeneca le 25 février 2021 à Paris, dans un centre réservé aux salariés du secteur de la communication. (ALAIN JOCARD / AFP)

Le vaccin AstraZeneca est-il en voie de réhabilitation accélérée ? Le sérum, qui a pâti de la comparaison avec ses concurrents Pfizer et Moderna, est désormais considéré comme aussi efficace pour prévenir le risque d'hospitalisation, selon des données de l'université d'Edimbourg (PDF, en anglais) portant sur plus de 400 000 personnes vaccinées en Ecosse.

Aussi le ministre de la Santé, Olivier Véran, a-t-il indiqué, lundi 1er mars, que ce vaccin jusque-là réservé aux moins de 65 ans pourrait désormais être administré aux personnes de 65 à 74 ans "avec comorbidités". Franceinfo décortique cette extension.

Pourquoi le gouvernement a-t-il décidé une extension du public visé ?

Dans un avis rendu le 2 février, la Haute Autorité de santé (HAS) avait d'abord limité l'usage de ce vaccin "à l'ensemble des professionnels" de santé "de moins de 65 ans, ainsi qu'aux personnes âgées de 50 à 64 ans, en commençant par celles qui présentent des comorbidités". Elle avait alors jugé que "les données chez les personnes de plus de 65 ans" n'étaient "pas encore assez robustes" pour leur administrer ce vaccin.

Depuis, les travaux à grande échelle de l'université d'Edimbourg, qui a étudié les effets de la vaccination en Ecosse, ont changé la donne. Ils tendent à montrer que la première dose du vaccin protège fortement les personnes âgées contre le risque d'hospitalisation à la suite d'une contamination au Covid-19. S'appuyant sur cette étude, encore au stade de la prépublication, Alain Fischer, le "Monsieur Vaccin" du gouvernement, avait déjà affirmé, le 25 février dernier, qu'AstraZeneca offrait "un taux de protection – analysé à travers les hospitalisations – très élevé" et même "légèrement supérieur au taux de protection assuré par le vaccin Pfizer".

La Haute Autorité de santé a donc annoncé, mardi, qu'elle élargissait "sa recommandation du vaccin AstraZeneca aux personnes âgées de plus de 65 ans". Elle estime que l'étude, encore "en attente de revue par les pairs", apporte effectivement "des résultats très encourageants sur les bénéfices à court terme d'une première dose de vaccin (Pfizer ou AstraZeneca) contre la Covid-19 chez les plus de 65 ans". "Quelle que soit la tranche d'âge, la vaccination par un des deux vaccins étudiés réduit significativement le nombre d'hospitalisations", précise-t-elle.

"Les effets les plus marqués sont observés de 28 à 34 jours après la première injection : efficacité de 85% pour les 18-64 ans, 79% pour les 65-79 ans et 81% pour les plus de 80 ans, de 28 à 34 jours après la première injection."

La Haute Autorité de santé

dans un communiqué du 2 mars

La HAS ajoute tout de même un bémol : "Ces résultats portent sur les hospitalisations et ne quantifient pas l'impact du vaccin AstraZeneca sur la survenue de formes symptomatiques de la maladie, ni sur la réduction des décès. Par ailleurs, le manque de recul ne permet pas d'évaluer le maintien de l'efficacité au-delà de 5 semaines après la première dose."

Quels sont les effets secondaires de ce vaccin ?

La presse s'est abondamment fait l'écho des effets secondaires ressentis par les soignants de moins de 65 ans à qui le vaccin d'AstraZeneca a été administré. Dans un hôpital de Rouen (Seine-Maritime) où 20 soignants avaient reçu une première dose, "un tiers a ressenti des symptômes grippaux" temporaires, selon France 3. "J'ai été vaccinée mercredi soir et j'ai été malade toute la nuit, j'ai eu de très gros frissons, j'ai 39,5 °C de fièvre", témoigne une infirmière.

Dans son dernier suivi hebdomadaire des effets indésirables des vaccins, publié le 26 février, et qui porte sur les soignants de moins de 65 ans, l'Agence nationale du médicament (ANSM) confirme que "depuis le début de la vaccination avec le vaccin AstraZeneca, 971 cas d'effets indésirables ont été analysés". "La grande majorité de ces cas, précise l'ANSM, concerne des syndromes pseudo-grippaux, souvent de forte intensité (fièvre élevée, courbatures, céphalées). Ces cas confirment l'existence d'un signal potentiel, déjà identifié le 11 février. A ce jour, il n'y a pas d'autre signal identifié avec le vaccin AstraZeneca".

Alain Fischer a reconnu qu'il était exact que "certaines personnes jeunes" avaient "présenté un symptôme grippal" après avoir été vaccinées avec une dose d'AstraZeneca. "C'est bref, ce n'est pas grave, cela cesse sans séquelle", a-t-il toutefois assuré, en conseillant de prendre du paracétamol de manière préventive.

"Il existe un moyen simple d'arrêter cette réaction, c'est de prendre du paracétamol juste avant la vaccination et si besoin, toutes les six heures."

Alain Fischer

en conférence de presse

Pourquoi a-t-il démarré lentement et cela peut-il changer ?

Le week-end dernier, un début de polémique a émergé quant à la sous-utilisation du vaccin AstraZeneca. Alors que plus d'un million de doses du produit ont déjà été livrées, selon les données gouvernementales, seules 240 000 personnes avaient bénéficié d'une première injection de ce sérum, dimanche, selon Guillaume Rozier, créateur du site CovidTracker.

La direction générale de la santé a reconnu le problème, mardi, expliquant tenter de "rationaliser" et "d'optimiser" la gestion des stocks. Le 28 février, "nous étions pour Pfizer à 82% d'utilisation des doses livrées, à 37% pour Moderna, parce que nous venions juste de recevoir une très grosse quantité le week-end, et sur AstraZeneca, à 25%".

En cause selon la DGS : les "600 000 premières doses livrées" à destination du personnel soignant de moins de 65 ans et des personnes à risque de 50 à 64 ans, sur lesquelles "il nous reste à peu près 75% des stocks qui n'ont pas fait l'objet d'injections". En revanche, les deux premiers jours de vaccination effectués par les médecins généralistes sur les 50-64 ans ont été marqués par "une bonne dynamique d'écoulement". Il reste toutefois quelques points noirs, comme les réticences de certains patients ou la difficulté à ajuster le stockage des doses en fonction du nombre de patients à vacciner.

Ce démarrage, un peu laborieux, pourrait néanmoins s'accélérer puisque le produit mis au point par les chercheurs d'Oxford est désormais étendu à la tranche des 65-74 ans, dont ceux présentant des comorbidités. Cette tranche d'âge était jusque-là privée de vaccin.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.