Troisième vague épidémique en Afrique : "on s'attend à ce que de nombreux pays fassent face avec beaucoup de difficultés", selon l'OMS
Cette troisième vague de Covid-19 touche le Sud du continent africain, qui entre actuellement dans l'hiver austral.
"Il y a probablement une circulation de variants du Covid-19 plus transmissibles, car il y a pas mal de mobilité de populations en Afrique", estime sur franceinfo vendredi 25 juin Sylvie Briand, directrice à l’OMS, chargée des risques épidémiques et pandémiques, alors que l'Afrique fait face à une troisième vague de contaminations au coronavirus.
franceinfo : Comment expliquer cette situation alors que le continent a jusqu'ici été relativement épargné ?
Sylvie Briand : On voit que cela se situe dans la partie la plus au sud de l'Afrique. Il y a donc un facteur climatique puisque là-bas, on entre dans une saison plus froide (l'hiver austral) et donc plus favorable à la transmission des virus respiratoires. On a dans beaucoup de pays des capacités de tests assez limitées. Donc, on a du mal à savoir exactement quelle est la situation. Ce sont des pays pour la plupart qui ont des systèmes de santé très faibles. Tant que l'on traite les cas de coronavirus, on ne peut pas traiter les autres maladies qui continuent de se propager comme la malaria, le choléra.
Quels sont les pays qui inquiètent le plus l'OMS ?
On s'attend à ce que de nombreux pays fassent face à cette vague avec beaucoup de difficultés. Les pays les plus touchés pour l'instant sont la Zambie, le Rwanda, la Namibie, le Zimbabwe, le Mozambique, la Sierra Leone, mais aussi le Cameroun, le Gabon. Les mesures qui sont mises en place, comme des confinements et des couvre-feux, ont un impact énorme sur des populations déjà fragiles qui dépendent d'activités professionnelles, souvent au jour le jour. On ne peut pas faire du télétravail en Afrique aussi facilement qu'en Europe.
En Afrique, moins de 1 % de la population est entièrement vaccinée. Les Occidentaux n'ont pas tenu leurs promesses ?
Il y a beaucoup de tensions sur la production et le partage des vaccins. Malgré les efforts qui ont été faits pour essayer d'avoir une distribution plus équitable, il y a du retard. On comptait vraiment sur la production de vaccins en Inde, mais l'épidémie fait rage dans ce pays et les vaccins ont d'abord été utilisés sur le sous-continent indien. L'Europe, les Etats-Unis vont donner des vaccins aussi mais il faut le temps d'organiser le déploiement, leur distribution et l'organisation des campagnes en Afrique.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.