Vaccination des enfants contre le Covid-19 : pourquoi la campagne pour les 5-11 ans peine encore à trouver son public
Cette classe d'âge est éligible depuis peu à une injection du vaccin de Pfizer. Mais il n'y a pas encore de ruée sur les rendez-vous, en raison de la mise en place progressive des circuits logistiques et des réticences des parents.
Depuis deux semaines, tous les enfants âgés de 5 à 11 ans peuvent se faire vacciner contre le Covid-19. Mais la campagne ne rencontre pas encore un franc succès. A la date du 5 janvier, seuls 64 020 d'entre eux avaient bénéficié d'au moins une dose (21 190 ont un schéma vaccinal complet) sur un public potentiel de 5,8 millions — soit 1,1%. "Il faut le temps que les choses se mettent en place", a reconnu lundi Mohamed Si Abdallah, directeur général adjoint de l'Agence régionale de santé de Bourgogne-Franche-Comté, sur France Bleu.
La vaccination a été ouverte à tous les enfants de cette tranche d'âge le 22 décembre dernier, une semaine après l'ouverture aux sujets les plus à risque et à ceux vivant avec des personnes immuno-déprimées. Un feu vert donné après des avis favorables du Comité consultatif national d'éthique, de la Haute Autorité de santé et du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale (PDF).
"Le contexte actuel de forte circulation virale renforce la nécessité de vacciner les enfants de cette classe d'âge sans plus attendre, écrivait ce dernier. Les enfants scolarisés en école primaire constituent la population parmi laquelle le virus circule le plus." Il faut l'accord de l'un des deux parents pour cette vaccination, qui est réalisée avec le vaccin de Pfizer, au tiers du dosage d'un adulte.
>> TEMOIGNAGES. Pour ces parents, la vaccination des enfants contre le Covid-19 est "une évidence"
Les cas antérieurs à cette ouverture de la vaccination aux enfants de 5 à 11 ans – environ 30 000 vaccinations "hors AMM" (autorisation de mise sur le marché) – correspondent à des enfants proches du seuil de 12 ans et à des situations particulières de jeunes très vulnérables ou vivant dans l'entourage de personnes très vulnérables, toujours après avis médical.
Un accueil "de qualité" pour les enfants
"Nous ne sommes pas très étonnés, on ne s'attendait pas à des files d'attente devant les centres, d'autant que cela a été annoncé juste avant les fêtes", explique Christèle Gras-Le Guen, présidente de la Société française de pédiatrie (SPF). Ce faible nombre de vaccinations reflète le degré "d'urgence ressentie par population", alors que "la priorité" semble aujourd'hui d'injecter "les troisièmes doses aux Français qui ne l'ont pas encore reçue".
Ce départ en douceur, en tout cas, a permis "d'organiser les centres avec un accueil pédiatrique que nous voulions de qualité, pour ne pas que les enfants soient pris en charge dans un environnement anxiogène". Il a également permis de déployer les tests sérologiques rapides, afin d'épargner une seconde dose en cas de résultat positif. Pour encadrer au mieux ce public très jeune, des créneaux dédiés ont été mis en place, mais tous n'ont pas encore été déployés.
"Dans ma région, des appels ont été lancés pour que des puéricultrices renforcent les équipes."
Christèle Gras-Le Guen, présidente de la Société française de pédiatrieà franceinfo
"A Nantes, illustre-t-elle, nous nous appuyons sur Saint-Jacques [un centre de vaccination], habilité à recevoir des enfants." Le mouvement est national. Depuis lundi 3 janvier, les enfants peuvent bénéficier de créneaux au palais des Sports de Lyon. En Ille-et-Vilaine, à Redon, des rendez-vous sont réservés aux 5-11 ans depuis mercredi, un jour et demi par semaine. Les enfants, auparavant, devaient se rendre à Rennes.
Une campagne amenée à "monter en charge"
Quelque 350 centres sont prévus dans le cadre de cette campagne de vaccination pédiatrique. Les enfants peuvent aussi se faire vacciner chez leur médecin ou leur pédiatre, à domicile, ou encore chez une infirmière sur prescription médicale. La présidente de la Société française de pédiatrie appelle ainsi à une mobilisation des médecins libéraux car "sans eux, nous risquons de ne pas pouvoir vacciner beaucoup".
"Les parents ont des questions et leur premier interlocuteur est le pédiatre traitant, poursuit Christèle Gras-Le Guen. Pendant les fêtes, il a été difficile d'échanger avec eux. Maintenant que l'épidémie de bronchiolite commence à s'éloigner, nous aurons davantage de temps pour répondre à leurs questions. Je pense que ça va monter en charge."
"Les approvisionnements sont là, nous avons les doses et c'est quelque chose d'opérationnel."
Christèle Gras-Le Guen, présidente de la Société française de pédiatrieà franceinfo
Il n'en reste pas moins que l'opinon se montre plutôt opposée à la vaccination des 5-11 ans. Ainsi, quelque 37% des personnes interrogées par l'institut YouGov y sont favorables et 52% de sondés se disent défavorables, selon une enquete publiée par le HuffPost. Début décembre, 43% des parents d'enfants âgés de 5 à 11 ans avaient l'intention de les faire vacciner, selon la dernière enquête de Santé publique France. Au vu de ces réserves, le gouvernement préfère temporiser. "Pour l'instant, il n'est question ni de pass sanitaire ou vaccinal pour les moins de 11 ans", avait déclaré fin décembre Adrien Taquet, secrétaire d'Etat en charge de l'Enfance, dans le HuffPost. "Pas plus que d'obligation vaccinale."
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