Vaccination des enfants : "Il faut observer pour voir si les enfants sont plus fréquemment affectés par ces nouveaux virus", selon le virologue Bruno Lina
La question de la vaccination des enfants pourrait "se poser", estime de son côté le professeur Alain Fischer, le "monsieur vaccin" du gouvernement.
"Il faut observer pour voir si les enfants sont plus fréquemment affectés par ces nouveaux virus", a estimé samedi 16 janvier sur franceinfo le virologue Bruno Lina, professeur au CHU de Lyon et membre du Conseil scientifique, alors que le "Monsieur Vaccin" du gouvernement, le professeur Alain Fischer, a déclaré aujourd'hui dans les colonnes du journal Le Parisien "qu'il faudra peut-être un jour vacciner les enfants". "Ca doit faire partie de la réflexion, de la stratégie vaccinale en général", a-t-il déclaré.
franceinfo : Que pensez-vous de l'hypothèse développée par Alain Fischer, celle de vacciner des enfants?
Bruno Lina : C'est une question qui se pose déjà depuis quelques temps parce que la logique, pour l'instant, elle est de dire : nous avons des très fragiles. Nous avons des gens qui, lorsqu'ils sont infectés, ont un risque très élevé d'aller à l'hôpital, de faire des formes graves, éventuellement d'aller en réanimation. Il est très urgent, de les vacciner, eux, le plus rapidement possible. Et puis après, on va décliner petit à petit les personnes à risque. Une fois qu'on aura fini de vacciner les personnes à risque se posera la question de savoir, finalement, si les enfants sont potentiellement des vecteurs en particulier de ces nouveaux virus, et est-ce qu'il ne faut pas qu'on agisse sur le réservoir qui seraient les enfants pour éviter qu'ils s'infectent et qu'ils infectent les autres par conséquence ? Cela fait partie des éléments de réflexion. C'est une logique de vaccination qui a été utilisée pour la grippe en Angleterre avec un certain succès. Il faut prendre le temps de la réflexion. Il faut observer pour voir si, de nouveau, les enfants sont affectés plus fréquemment avec ces nouveaux virus. Pour l'instant, les données ne le montrent pas, mais en tout cas, ça doit faire partie de la réflexion de la stratégie de vaccination d'une manière générale.
Que sait-on de la circulation du variant britannique sur le territoire ?
On a piloté une enquête qui a permis de définir une espèce d'état des lieux à un moment donné. C'était important de savoir si la pénétration de ce virus britannique, puisque cette étude était essentiellement tournée vis-à-vis du virus britannique, était très importante ou modérée ou faible. En l'occurrence, elle est significative. L'étude nous dit qu'il y a environ 1,3% des personnes "investiguées" qui avaient une PCR positive, qui étaient infectées avec ce virus, et sur un éventail très large de patients testés aussi bien dans les laboratoires privés que dans les laboratoires publics. Dans ces conditions, ça nous permet de dire le niveau de pénétration de ce virus. Ça nous permet aussi de savoir qu'il y a beaucoup de personnes qui étaient des cas qui importaient le virus. Il n'y a pas trop de chaînes de transmission et on va pouvoir comme ça se projeter un petit peu sur une modélisation de dissémination de ce virus. On pense qu'il y a 1,3% de cas aujoud'hui, il va y avoir une augmentation de ce nombre de cas mais on ne va pas être à 30, à 40% dans quelques jours.
Après les retards de livraison du laboratoire Pfizer, connaît-on l'ampleur de ce "coup de frein" ?
Ce que cela signifie, c'est qu'effectivement, on se rend compte que cet approvisionnement est toujours fragile, d'où l'intérêt de diversifier la possibilité d'avoir plusieurs vaccins et plusieurs fournisseurs capables de pallier peut-être les manquements des uns et des autres de temps en temps. Je ne connais pas l'ampleur exacte de ce défaut de fournitures. Tout ceci va dépendre effectivement de la disponibilité des doses et il faut bien aussi se projeter dans le fait qu'on doit faire deux doses. Il y a un certain nombre de personnes qui vont devoir maintenant recevoir la deuxième injection. Donc, il va falloir effectivement faire des calculs et peut-être que certains rendez-vous seront légèrement décalés. C'est transitoire. C'est sûr qu'on aurait préféré que ça n'arrive pas, mais ça ne remet pas en cause d'abord la campagne de vaccination. C'est sûr qu'il va y avoir un petit peu de retard à cause de ça.
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