Covid-19 : que sait-on de la durée de l'efficacité du rappel vaccinal face à Omicron ?
Une étude de l'Agence sanitaire britannique, publiée jeudi, suggère qu'après trois doses de vaccin Pfizer-BioNTech, la protection contre les formes symptomatiques dues au variant Omicron passe de 70% à 45% dix semaines après le rappel.
Face à la hausse fulgurante des cas de Covid-19, le gouvernement français met l'accent sur la campagne de rappel vaccinal. Au total, 21 933 063 personnes ont reçu une dose de rappel, selon les chiffres publiés vendredi 24 décembre par le ministère de la Santé. Soit près d'un tiers de la population française. Mais combien de temps cette dose de rappel protège-t-elle contre le nouveau variant Omicron ?
Une étude de l'Agence sanitaire britannique (document PDF, en anglais), publiée jeudi, apporte les premiers éléments de réponse quant à la durée de l'efficacité du rappel vaccinal. Elle suggère que la protection conférée par une dose de rappel pour prévenir les formes symptomatiques liées à Omicron s'érode plus rapidement qu'avec le variant Delta. Franceinfo résume les principales informations de ce rapport.
Au bout de 10 semaines, la protection contre les formes symptomatiques passe sous 50%
Avec un schéma vaccinal entièrement réalisé avec Pfizer-BioNTech, les données de l'agence britannique suggèrent une protection de l'ordre de 70% contre les formes symptomatiques liées au variant Omicron, juste après l'injection d'une troisième dose de rappel. Mais cette protection s'étiole rapidement au fil des semaines. Ainsi, l'étude avance qu'elle passe sous les 60% après cinq à neuf semaines. A partir de dix semaines après le rappel, elle n'oscille plus qu'autour de 45%, selon l'étude.
Par ailleurs, cette baisse apparaît plus marquée après deux doses de vaccin d'AstraZeneca, puis une dose de rappel avec Pfizer-BioNTech. La protection contre les formes symptomatiques d'Omicron semble alors passer de 60%, deux à quatre semaines après l'injection du rappel, à environ 35% à compter de dix semaines après celle-ci.
L'analyse se penche également sur la durée de l'efficacité d'une dose de rappel avec Moderna pour contrer les formes symptomatiques du variant Omicron. Avec deux doses de Pfizer-BioNTech, puis une troisième injection de Moderna, les données suggèrent un niveau de protection qui se maintient autour de 70 à 75% neuf semaines après la dernière injection. Toutefois, les données concernant ce type de schéma vaccinal comportent une marge d'erreur importante. Elles doivent donc être considérées avec précaution.
Enfin, à titre de comparaison, l'étude britannique a également étudié l'évolution de l'efficacité d'une dose de rappel face à Delta. Les données laissent apparaître une meilleure persistance du niveau de protection conféré par une dose de rappel contre les formes symptomatiques liées à ce variant. Dans le cadre d'un schéma vaccinal à trois doses de Pfizer-BioNTech, la protection face à Delta semble se maintenir autour de 90%, même plus de 10 semaines après la dernière injection.
Des résultats à interpréter "avec prudence"
L'agence sanitaire britannique met toutefois en garde sur la nécessité d'interpréter "avec prudence" ces premières données. D'une part, l'étude a été menée au sein d'un échantillon de personnes relativement restreint, soulignent les auteurs. Au total, l'analyse se base sur quelque 147 587 cas de variant Delta et 68 489 cas de variant Omicron.
D'autre part, l'étude ne s'appuie pas sur un échantillon représentatif de l'ensemble de la population britannique et peut comporter des biais, notamment dans le profil des personnes infectées par Omicron.
Des données sur les formes graves attendues sous "quelques semaines"
Pour l'heure, le nombre de formes sévères du Covid-19 liées au variant Omicron est "insuffisant" pour déterminer la capacité des rappels vaccinaux à prévenir des hospitalisations. "Il faudra quelques semaines avant que l'efficacité contre les maladies graves avec Omicron puisse être estimée", selon le rapport. L'Agence britannique se veut toutefois rassurante.
"Avec les autres variants, l'efficacité des vaccins contre les maladies graves a été significativement plus élevée que celle contre les formes modérées."
L'Agence sanitaire britanniquedans un rapport publié le 23 décembre
Compte tenu de ces précédents, elle estime "probable" que la protection conférée par les vaccins contre les formes graves du variant Omicron soit "sensiblement plus élevée" que pour les formes modérées. "Ce scénario est très susceptible de se reproduire. Mais la question est de savoir à quel niveau de protection on sera", commente Cyrille Cohen, immunologue et membre du conseil consultatif sur les essais cliniques des vaccins contre le Covid-19 auprès du Parisien (article payant).
Sur le volet de la sévérité des infections liées à Omicron, deux autres études britanniques, publiées mercredi, sont porteuses d'espoir. Elles suggèrent que les infections au variant Omicron sont moins susceptibles de provoquer des hospitalisations par comparaison avec le variant Delta. Ces travaux, qui n'ont pas encore été soumis à relecture, ne permettent cependant pas d'établir si cette différence est due aux caractéristiques du variant Omicron ou au fait qu'il se heurte à des populations davantage immunisées.
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